Une chambre à soi

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Me voilà à nouveau dans mon cabinet pour l’hiver, le printemps et même l’été. Un mini congé sabbatique tant du point de la durée de mon congé que du salaire qu’on m’a accordé : à peine de quoi faire les frais du strict nécessaire. Mais enfin, je me compte chanceux de pouvoir me consacrer à l’écriture pendant les neuf prochains mois.

Tout cela me rappelle le merveilleux livre, A room of one’s own, dans lequel Virginia Wolfe parle des difficultés des femmes (1929, et 1951 pour l’édition française) à se payer une chambre à soi et du temps pour écrire. On lui avait demandé de parler des romancières anglaises du 19e siècle et elle leur a parlé de l’iniquité entre les hommes et les femmes qui « écrivent »!

Pour émuler une femme qui a plusieurs chambres pour écrire, je vous dirai que 2013 fut pour moi une annus horribilis. Tout dernièrement, j’ai lu une critique d’un livre qui s’intitulait Depuis que tu es mort, ou bien quelque comme cela. Depuis, ce titre me trotte dans la tête comme une chanson que l’on aurait aimée dans un passé lointain, et qui nous hante depuis l’avoir entendue à la radio du réveil matin.

Depuis que mon fils est mort, voilà la version de cette « tune » qui tourne et tourne sur la platine de mon âme. Chaque fois qu’elle remonte à la surface de ma conscience, je suis étonné de réaliser que mon premier réflexe est encore de nier le tout. Et en homme sage (?), je me raisonne, puis je pleure discrètement… silencieusement, et ma tristesse se résorbe jusqu’à la prochaine écoute.

Mes amis, me voilà dans ma chambre après trois mois à la faculté,  là où l’enfer, c’est définitivement les autres.