Un nouveau thème prend sa place

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Le vent hurle dans ses oreilles

Ses yeux sont des hublots qui donnent sur le parterre
Sur des fleurs qui se pavanent et des bambins qui jouent, côté jardin
Sous les roues compresseurs des poids lourds, côté cour
À l’horizon, un mur de brique rouge occulte le lointain

Tapis dans son for intérieur
L’enfant qu’il est toujours pleure son père
Son frère, sa mère et ses amis
Vieillard, il pleure son seul fils perdu

Sous la marquise le vent transporte la pluie
Les rues sont désertes, s’y reflètent les néons
Le vent souffle sur la neige ruisselante
Le vent criaille dans ses veines

Turbulences…

Les scènes tristes le font toujours pleurer
Enfant, il hurlait dans le noir et dans la nuit
En vieux loup esseulé, il hurle pour sa meute
Épuisé, Il hoquète, il abréagit… il appelle sa maman

Au-delà de la turbulence
Il y a que l’amour qu’il a connu
Qui le guide vers l’amour de ceux
Qui le feront danser demain

Pour réverbérer dans le silence

Turbulences 3Bonjour à tous, C’est le premier dimanche après la Saint-Valentin. Le Soleil s’éclate dans les prismes du vitrail de mon atelier, la chaine grégorienne de Calm Radio résonne sur les murs de mon condominium, sur les parois endolories de mon cœur.

Après cinq mois de silence, cinq mois d’absence, je remonte à la surface; devant vous tous, je reprends la parole! Après plusieurs mois de sollicitude de la part de ma famille, de mes amis et même de quelques collègues, j’ai vécu cinq mois de solitude.

Encore une fois, mon retour au travail fut une descente aux enfers. Il y a des gens qui sont dotés d’un sixième sens sanguinaire, celui de pressentir et d’exploiter les moments de faiblesse des autres.

Un poème dans L’Âge de la parole de Roland Giguère me vient à l’esprit :

« la grande main qui nous cloue au sol finira par pourrir les jointures éclateront comme des verres de cristal les ongles tomberont

la grande main pourrira et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs

et viendront les panaris

panaris

panaris »

Les panaris sont tout ce qu’il y a de beau dans l’humanité, tout ce que l’on redécouvre dans le sommeil réparateur,  tout ce que les grands malades du mal à l’âme ne ressentent plus. Tout ce que les autres partagent avec nous dans nos moments de grande tristesse.

En cette fête qui souligne l’importance de l’amour, j’ai décidé de changer le titre de mon nouveau recueil plutôt que Turbulence ce sera désormais D’amour de Turbulences, car la vie est ainsi faite.

J’ai eu beaucoup de problèmes à accepter la mort, le suicide de mon seul fils. Je suppose que je m’en veux de ne pas avoir vu venir, surtout après avoir vécu le suicide de mon meilleur ami. Mais, malheureusement, on n’y croit pas avant qu’il soit trop tard. Comme tout le monde, je dois combattre les bleus, la déprime et même la dépression régulièrement, mais j’ai toujours pu me reconstruire pendant la nuit. Au lever du soleil, mon âme se déploie comme une fleur recouverte de gouttes de rosée. Malheureusement, c’est quelque chose qui est extrêmement difficile à partager, surtout avec les personnes qui sont aux prises avec une très grande mélancolie.

Cette fois, j’ai suffisamment souffert pour comprendre à quel point les souffrances dans les âmes des grands malades sont réelles, à quel point leurs blessures sont inscrites dans leur chair sanguinolente et, à la rigueur, pourquoi ils veulent tout laisser derrière eux…

Mais heureusement, il y a les Panaris, les panaris de la vie, les Panaris de l’amitié, les panaris de l’amour: celui du passé, celui du présent et celui que l’on espère.