Nouveaux volumes du Grand livre

L’inspiration et la structure de la trilogie

Le deuxième volume du Grand Livre, Derrière le rideau de scène, paraîtra cet automne, en 2021, afin de souligner de 50e anniversaire de la fondation du théâtre du Nouvel-Ontario. La publication du troisième volume, « De la parole et de la nuit » est prévue pour le printemps 2023, à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation des éditions Prise de parole et de la Nuit sur l’étang.

J’ai découvert la deuxième personne du singulier en partageant mon journal intime avec mon ami Paul-André. Nous avons découvert le singulier de la troisième personne en ouvrant un espace commun d’écriture, notre Grand Livre ! Ainsi nous avons lancé nos carrières artistiques, lui dans les arts de la scène et moi en littérature.

À cette époque, tout était à faire dans le Nouvel-Ontario. Dans le cadre de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario, nous avons construit de toutes pièces un théâtre, une maison d’édition qui perdurent sur la scène régionale et nationale. Le grand livre original était un pacte d’amitié entre deux adolescents, les œuvres de la coopérative CANO furent une amicale de jeunes artistes. Ce fut la découverte de la première et deuxième personne du pluriel ; les nous et vous de notre collectif, qui s’ouvrent nécessairement les bel-ils [sic] et les belles-elles sur la place publique

***

En 1988, j’ai décidé de poursuivre ma carrière sur la scène nationale. Paradoxalement, c’est à Montréal que j’ai découvert et étudié l’œuvre de Jean Éthier-Blais, un auteur de mon village natal. Ce qui a retenu mon attention c’est qu’à la fin de sa vie Jean Éthier-Blais rentre « au pays » en écrivant trois romans qui se déploient dans le Nouvel-Ontario. C’est ainsi qu’il tranche le nœud de son exil. Son retour aux sources correspondait à l’expérience que je vivais après la publication de mon troisième roman. C’est un peu comme si l’exil de Jean Éthier-Blais me confirmait dans mes propres déplacements littéraires. « Le lieu de l’exil n’est pas celui qui vous est échu. C’est celui que vous avez quitté. […] L’homme qui, arraché à ses objets familiers, descend dans son cœur et y trouve une force à lui inconnue a vaincu l’exil. » Et il ajoute « Nous revenons toujours à la même question : qui suis-je ? »

Cette descente au fond de moi-même m’a incité à relancer l’écriture de Notre Grand Livre, celui qui est au cœur de ma trajectoire artistique, celui qui a été mon lieu de naissance intellectuelle, la porte par laquelle je suis entré en littérature. Il s’en dégage toujours une pulsion organique, poétique et personnelle qui anime ma démarche littéraire.

Le volume un du Grand Livre, publié en 2012, est la continuité de mes trois premiers romans. C’est aussi un retour à la case première, au Grand Livre des deux jeunes qui écrivaient, à tour de rôle, des entrées dans leur journal personnel de 1967. Le narrateur, le survivant d’une tragédie, est aussi l’écrivain de la trame narrative. Il se permet d’écrire dans le présent de l’écriture des apartés où il partage avec le lecteur ses opinions au sujet de la trame narrative (1967-1968), à propos du suicide de Paul-André (1978), au sujet de ses lectures et du métier d’écriture. Pour plus d’information, cliquez sur cet hyperlien.

Ce qui semble être un roman polyphonique n’est en fait qu’une seule voix narrative qui se déplace d’un point d’élocution à l’autre aussi bien que d’une époque à l’autre. Le roman a connu un certain succès d’estime. Il fut le premier roman abordé par le jury lors d’un entretien littéraire au Salon du livre de Toronto au sujet des dix meilleurs romans de l’Ontario français, voir l’hyperlien dans la documentation d’appui.

Ce que le lecteur pressent dans le premier volume advient dans le deuxième volume du Grand Livre : le Canada français traditionnel éclate, ses institutions culturelles se recentrent sur le Québec et les francophones des régions minoritaires sont laissés à eux-mêmes. Dans « Le rideau de scène », le lecteur retrouve les deux mêmes protagonistes ; mais, leur journal intime s’est déplacé sur la place publique, sur les planches de la Troupe universitaire et dans les pages du Lambdam le journal des étudiants de ce qui fut l’Université Laurentienne.

Le troisième volume est la suite narrative des deux premiers tomes : les deux jeunes hommes qui s’éloignent de leur paroisse, de leur alma mater ; comme il se doit, ils s’investissent dans leurs projets qui se déploient dans le réel du Nouvel-Ontario, des organes de communications qui désormais leur permettront de participer en direct à la prise de parole des francophones d’Amérique, celle qui se déploie au Québec depuis quelques décennies.

Cette autofiction sera le troisième élément du paradigme qu’est mon approche à l’écriture. Il y aura une quarantaine de chapitres basés sur les évènements historiques, une quinzaine d’apartés où l’auteur commentera les évènements importants du passé et du présent de l’écriture, plusieurs entrées du journal intime de l’auteur qui se déploie en parallèle avec la trame narrative des années soixante-dix et dans le présent de l’écriture sur le blogue de l’écrivain, et enfin des lettres, des articles journaux, des poèmes, des chansons de la période.

***

Les évènements dont je parle dans ces romans sont en fait des happenings, de la promotion de l’autre en tant qu’autre, des expériences sapientielles vécues librement en communauté qui s’ouvrent le droit à la subjectivité. Pour souligner l’importance de ce phénomène, les deux derniers volumes de cette trilogie viendront souligner l’anniversaire de la fondation du Théâtre du nouvel Ontario (2021), de Prise de parole et de la Nuit sur l’étang (2023).

Les anniversaires de ces organismes sont importants parce qu’ils sont à la fine pointe d’un mouvement qui préconise la production et la mise en valeur d’œuvres artistiques typiquement franco-ontariennes. Ayant beaucoup étudié la question, je ne dirais pas que c’est le début de la culture franco-ontarienne, mais plutôt l’étincelle qui a fait que quelques années plus tard les artistes canadiens-français de Toronto, d’Ottawa d’un peu partout en province, se sont dits Franco-ontariens. Leur tout étant devenu plus grand que la somme de leurs parties : le collectif devint un mouvement culturel.

Les trois volumes du Grand Livre ne sont pas et ne deviendront pas des essais littéraires (et même pas des cas d’espèce), ils sont et seront des happenings, des célébrations de la démarche des artistes franco-ontariens depuis cinquante ans.

DEUX NOUVEAUX VOLUMES DU GRAND LIVRE

L’inspiration et la trilogie

Le deuxième volume du Grand Livre, Derrière le rideau de scène, paraîtra cet automne, en 2021, afin de souligner de 50e anniversaire de la fondation du théâtre du Nouvel-Ontario. La publication du troisième volume, « De la parole et de la nuit » est prévue pour le printemps 2023, à l’occasion du 50e anniversaire de la fondation des éditions Prise de parole et de la Nuit sur l’étang.

J’ai découvert la deuxième personne du singulier en partageant mon journal intime avec mon ami Paul-André. Nous avons découvert le singulier de la troisième personne en ouvrant un espace commun d’écriture, notre Grand Livre ! Ainsi nous avons lancé nos carrières artistiques, lui dans les arts de la scène et moi en littérature.

À cette époque, tout était à faire dans le Nouvel-Ontario. Dans le cadre de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario, nous avons construit de toutes pièces un théâtre, une maison d’édition qui perdurent sur la scène régionale et nationale. Le grand livre original était un pacte d’amitié entre deux adolescents, les œuvres de la coopérative CANO furent une amicale de jeunes artistes. Ce fut la découverte de la première et deuxième personne du pluriel ; les nous et vous de notre collectif, qui s’ouvrent nécessairement les bel-ils [sic] et les belles-elles sur la place publique.

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En 1988, j’ai décidé de poursuivre ma carrière sur la scène nationale. Paradoxalement, c’est à Montréal que j’ai découvert et étudié l’œuvre de Jean Éthier-Blais, un auteur de mon village natal. Ce qui a retenu mon attention c’est qu’à la fin de sa vie Jean Éthier-Blais rentre « au pays » en écrivant trois romans qui se déploient dans le Nouvel-Ontario. C’est ainsi qu’il tranche le nœud de son exil. Son retour aux sources correspondait à l’expérience que je vivais après la publication de mon troisième roman. C’est un peu comme si l’exil de Jean Éthier-Blais me confirmait dans mes propres déplacements littéraires. « Le lieu de l’exil n’est pas celui qui vous est échu. C’est celui que vous avez quitté. […] L’homme qui, arraché à ses objets familiers, descend dans son cœur et y trouve une force à lui inconnue a vaincu l’exil. » Et il ajoute « Nous revenons toujours à la même question : qui suis-je ? »

Cette descente au fond de moi-même m’a incité à relancer l’écriture de Notre Grand Livre, celui qui est au cœur de ma trajectoire artistique, celui qui a été mon lieu de naissance intellectuelle, la porte par laquelle je suis entré en littérature. Il s’en dégage toujours une pulsion organique, poétique et personnelle qui anime ma démarche littéraire.

Le volume un du Grand Livre, publié en 2012, est la continuité de mes trois premiers romans. C’est aussi un retour à la case première, au Grand Livre des deux jeunes qui écrivaient, à tour de rôle, des entrées dans leur journal personnel de 1967. Le narrateur, le survivant d’une tragédie, est aussi l’écrivain de la trame narrative. Il se permet d’écrire dans le présent de l’écriture des apartés où il partage avec le lecteur ses opinions au sujet de la trame narrative (1967-1968), à propos du suicide de Paul-André (1978), au sujet de ses lectures et du métier d’écriture.

Ce qui semble être un roman polyphonique n’est en fait qu’une seule voix narrative qui se déplace d’un point d’élocution à l’autre aussi bien que d’une époque à l’autre. Le roman a connu un certain succès d’estime. Il fut le premier roman abordé par le jury lors d’un entretien littéraire au Salon du livre de Toronto au sujet des dix meilleurs romans de l’Ontario français.

Ce que le lecteur pressent dans le premier volume advient dans le deuxième volume du Grand Livre : le Canada français traditionnel éclate, ses institutions culturelles se recentrent sur le Québec et les francophones des régions minoritaires sont laissés à eux-mêmes. Dans « Le rideau de scène », le lecteur retrouve les deux mêmes protagonistes ; mais, leur journal intime s’est déplacé sur la place publique, sur les planches de la Troupe universitaire et dans les pages du Lambda, le journal des étudiants de ce qui fut l’Université Laurentienne.

Le troisième volume est la suite narrative des deux premiers tomes : les deux jeunes hommes qui s’éloignent de leur paroisse, de leur alma mater ; comme il se doit, ils s’investissent dans leurs projets qui se déploient dans le réel du Nouvel-Ontario, des organes de communications qui désormais leur permettront de participer en direct à la prise de parole des francophones d’Amérique, celle qui se déploie au Québec depuis quelques décennies.

Cette autofiction sera le troisième élément du paradigme qu’est mon approche à l’écriture. Il y aura une quarantaine de chapitres basés sur les évènements historiques, une quinzaine d’apartés où l’auteur commentera les évènements importants du passé et du présent de l’écriture, plusieurs entrées du journal intime de l’auteur qui se déploie en parallèle avec la trame narrative des années soixante-dix et dans le présent de l’écriture sur le blogue de l’écrivain, et enfin des lettres, des articles journaux, des poèmes, des chansons de la période.

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Les évènements dont je parle dans ces romans sont en fait des happenings, de la promotion de l’autre en tant qu’autre, des expériences sapientielles vécues librement en communauté qui s’ouvrent le droit à la subjectivité. Pour souligner l’importance de ce phénomène, les deux derniers volumes de cette trilogie viendront souligner l’anniversaire de la fondation du Théâtre du nouvel Ontario (2021), de Prise de parole et de la Nuit sur l’étang (2023).

Les anniversaires de ces organismes sont importants parce qu’ils sont à la fine pointe d’un mouvement qui préconise la production et la mise en valeur d’œuvres artistiques typiquement franco-ontariennes. Ayant beaucoup étudié la question, je ne dirais pas que c’est le début de la culture franco-ontarienne, mais plutôt l’étincelle qui a fait que quelques années plus tard les artistes canadiens-français de Toronto, d’Ottawa d’un peu partout en province, se sont dits Franco-ontariens. Leur tout étant devenu plus grand que la somme de leurs parties : le collectif devint un mouvement culturel.

Les trois volumes du Grand Livre ne sont pas et ne deviendront pas des essais littéraires (et même pas des cas d’espèce), ils sont et seront des happenings, des célébrations de la démarche des artistes franco-ontariens depuis cinquante ans.