Topo-Gigio, la réalité et une peinture de Goya

LE BLOGUE DE GASTON

Ce soir, jour de la Saint-Valentin, j’ai délaissé les ondes de l’American-Live-TV pour regarder Crazy-Heart, un film de musique western.
Pour moi les États étaient les pays de Walt Disney, de la cabane du Shaggy Dog, de la maison de billes de Daniel Boone, de Rintintin et de Lassie. C’était aussi la section de journal des bandes dessinées de Mickey Mouse, de Donald etTopo ses trois petits neveux, des programmes de Lucille Ball, d’Ed Sullivan et de son ami Topo Gigio.
C’était le pays des oranges à l’époque où les oranges étaient rares en hiver. C’était un pays magique, celui d’Elvis Presley qui chantait Crying in the Chapel en noir et blanc.

« America the beautiful.
The land of the free and the brave »

Et le paradis n’est plus, c’est le déclin de l’empire américain dans le grand colisée américain, les nouvelles de six heures, en direct et ensanglantées…

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La chasse aux canards

Pour l’oncle Albert

Et pour mes cousines et mon cousin Levesque-Tremblay

Je suis de la pinède

Que j’ai cultivée

Sur les rives du lac Clair

Tu es de l’eau

Qui lèche les galets

Sur les plages du lac Nipissing

Je suis du roc

Que j’ai foré six cents pieds sous terre

Au fond de la Frood-Stobie

Tu es de rigodons

De chansons grivoises, tu as même

Un Minuit chrétien rigolo au gorgoton

Je suis des fleurs noires

Qui alourdissent les branches

Des épinettes au nord de chez ma mère

Tu es de roseaux, de nénuphars

D’automne, de froidure et d’éclats de rire

Et

Ton âme flotte toujours entre les joncs

De nos lacs et marais.

Gaston-Albert Tremblay

Proscrire les fausses libertés.

couleur symbole gros plan grippe

Au Canada, plus particulièrement au Québec, le docteur Arruda parle d’un relâchement de notre discipline solidaire.

Il n’est pas nécessaire d’être médecin pour faire ce constat.

Une course à l’épicerie IGA suffit.

Il y a de moins en moins de gens qui portent le masque.

Le docteur Arruda parle des conséquences, il a raison de nous avertir.

Les États-Unis sont en train de perdre le contrôle de la pandémie, 130 000 morts.

À cause d’un manque de discipline, mais pas celle de la population, mais plutôt celle du gouvernement Trump.

Rendre les masques obligatoires dans les transports en commun et dire du même souffle qu’il n’y aura aucune conséquence à le faire est contreproductif.

Cela donne l’impression aux gens qu’ils ont le DROIT de faire n’importe quoi.

Le gérant du IGA de mon quartier à peur d’être poursuivi, il laisse entrer tout le monde et blâme le gouvernement de ne pas être suffisamment clair.

Nous avons réussi à réduire les effets de la pandémie, pour le moment…

Nous avons collectivement identifié les services essentiels, il faut maintenant imposer le port du masque dans tous les services essentiels.

Nous avons tous le droit de traverser une intersection sans être écrasés par un chauffard.

Nous avons tous le droit d’aller à la pharmacie, à la quincaillerie, à l’épicerie, à l’hôpital sans être infectés.

C’est la responsabilité du gouvernement protéger les droits de tout un chacun.

Dans mon quartier, ce sont les « sans soucis » qui ont le haut du pavé.

C’est au gouvernement de prescrire les bonnes actions et de proscrire les fausses libertés.

C’est le temps d’agir.

Postscriptum : En regardant Fareed Zakaria, j’ai été amené à faire la différence entre la démocratie et l’autocratie, dans le contexte de la pandémie. Pour moi la différence entre l’essentiel et non essentiel est claire, mon critère de différenciation est ce qui est nécessaire à la survie d’un individu, surtout dans le contexte des grandes villes, les lieux de prédilection du Virus. On a besoin de manger, de se loger, d’avoir accès à des services médicaux, à des sources d’information d’information, et les gouvernements ont tenu compte du besoin de relaxer: donc le câble, la société des alcools et la marijuana. Dans ces cas, et les autres essentiels que je ne mentionne pas, le gouvernement a la responsabilité d’exiger le port du masque. Pour le reste, il doit respecter tous les droits des individus.

Une marche dans le parc

 

Frankenstein

Une pause pendant la pandémie !

Jour après jour, de semaine en semaine, c’est la même chose, dodo-télé-dodo, l’état d’être de notre conscience est endolorie, cette partie de nous-même qui écoute, qui voit et perçoit la réalité de notre « totalité »… est endormie, car nous ne voyons que la mort à l’horizon.

Dodo-télé-dodo

On ne compte plus les morts une à une, on s’intéresse plutôt à la fréquence.

Un médecin a annoncé à la télévision, hier soir, qu’il y avait un Américain qui mourrait du Corona Virus à toutes les 47 secondes.

Pour tout un chacun, c’est une prise de conscience de l’intérieur vers l’extérieur, un regard détaché de la réalité, c’est sûr, et cette vision est si intense qu’il est difficile de faire la différence entre notre perception des choses et les choses elles-mêmes.

Dodo-télé-dodo

Mon ami, Paul-André, écrivait quelques mois avant sa mort :

La vie, c’est tout un évènement
C’est le plus beau
C’est le plus grand

Voilà un truisme déchirant, surtout évident, en temps de pandémie. J’ai les nerfs à fleur de peau, j’entends l’écho de ma voix qui chuchote dans ma tête :

J’ai peur, j’ai l’impression de vivre dans un film, tout ce qui nous arrive dans nos trop confortables « prisons privées » est tellement surréel. Si les punks des années quatre-vingt étaient les héritiers de Dada, le trumpisme est certainement l’ultime dadaïsme, l’œuvre d’une personnalité aussi fausse que les matamores de la comedia del arte.

J’ai peur!

J’ai peur de mourir seul, dans un monologue percutant, dans une scène de tu-seul théâtral à la Michel Tremblay, comme un tourbillon de poésie figé dans une bulle de plastique opalin.

J’ai peur!!

J’ai peur de devenir une pipe qui n’est pas une pipe, car je suis un homme, je ne suis pas une chose.

Dodo-télé-dodo

Le président Trump prévoit que la fréquence des décès augmentera à plus de 3 000 personnes par jour, à une victime chosifiée toutes les 30 secondes et ce… avant le début du mois de juin.

Et il bat la mesure, comme le tambour de la République des lemmings américains qui marchent, au pas, vers le paradis perdu du rêve américain.

Le docteur Fauci prévoit que la fréquence des morts augmentera jusqu’à la trump-vitesse maximum, jusqu’à la limite de la tolérance à la souffrance des Américains.

Dodo-télé-dodo

Va-t-il falloir construire des hauts-fourneaux pour incinérer les victimes du trumpisme.

Dodo-MAMAN-dodo !!!

J’ai peur…

 

Postscriptum :  après avoir écrit ce texte. j’ai vu ce clip. À voir!!! https://www.youtube.com/watch?v=t_yG_-K2MDo

Le Gros lot pour Noël

Peinture : Rita Tremblay

Maman et ses Petits Chanteurs

La mère d’Albert aurait aimé, comme ses frères, poursuivre ses études à l’université. On l’avait convaincue de suivre un cours commercial après l’école secondaire, afin qu’elle se trouve un « job »… car, selon les croyances de l’époque, le mariage la rattraperait rapidement. Ses frères, celui qui deviendrait son premier mari et ses cousins travaillaient pour son père ; la famille, sa vie, tout ce qui la concernait était organisé autour de l’entreprise familiale. Quand son époux partit faire la guerre en Hollande, en 1943, elle se fit cookie au chantier de son père ; à son retour, ils firent construire une belle grande maison avec le bois de la scierie familiale et les crédits offerts aux vétérans en vertu du programme d’accès à la propriété.

Dans les années soixante, quand la nouvelle « grande école » se mit à offrir des cours du soir aux adultes du voisinage, sa mère en profita pour parfaire son éducation. C’est ainsi que la famille d’Albert eut droit aux cours de rhétorique de Dale Carnegie (qui seront suivis, quelques années plus tard, par les cours d’espagnol de dixième, onzième et douzième années).

Pendant tout un hiver, les enfants furent témoins des différentes versions des « discours » de leur mère et, dès l’année suivante, les plus vieux eurent droit à des cours particuliers d’art oratoire tandis que les plus petits furent embrigadés dans les rangs de public sympathique des récitals « Carnegie » dans leur salon de la rue Levesque.

Tout ce brouhaha ne faisait que présager ce qui allait bientôt chambarder l’atmosphère de la maison. Albert ne se rappelait pas si c’étaient les cours d’espagnol de sa mère ou les disques des 50 Guitars de « Snuff » Garrett qui avaient transformé sa mère, mais, chose certaine, l’enveloppe sonore de la maison fut profondément affectée quand le Mexican Hat Dance de Tommy Garrett supplanta Moon River d’Henry Mancini.

Le changement chez sa mère était beaucoup plus fondamental que les cours qu’elle choisissait ou la musique qu’elle écoutait. Il signalait après neuf années de tristesse la fin de son veuvage : elle s’engagea dans la communauté, se fit élire à la présidence de la Ligue de la jeunesse féminine du village. Elle devint responsable des activités de collecte de fonds : l’organisation du Bal des petits souliers au printemps et la soirée des Petits Chanteurs pendant la période des fêtes.

Albert, ses cousins et ses amis aimaient cette soirée. Une compétition s’était installée entre les adolescents de la rue King et ceux de la rue Levesque pour voir lequel des deux groupes allait collecter plus d’argent que l’autre. Puisqu’elle se tenait le 21 décembre, la soirée lançait gaiement l’hiver et la saison des fêtes à l’américaine. En organisant la soirée des Petits Chanteurs, les dames de la Ligue recréaient dans les rues du village les tableaux vivants illustrés sur les cartes de souhaits ou présentés en living colors lors des émissions télévisées de Noël.

Emmitouflés dans leurs vêtements d’hiver, les adolescents passaient de porte en porte en chantant la guignolée pour acheter des petits souliers pour les indigents. Étant donné que les chanteurs étaient, pour la plupart, des enfants du voisinage, les portes s’ouvraient promptement, les bourses généreusement. Le répertoire était simple : les Petits Chanteurs de Sturgeon choisissaient leurs chansons à même le répertoire folklorique de leurs familles et dans les cantiques sacrés de la paroisse, ou encore dans le répertoire des chansons américaines qui monopolisaient les ondes en cette période de l’année. Dans la rue Levesque, Le « Minuit, chrétiens » se transformait, au deuxième quatrain, en « O Holy Night » et « Les anges dans nos campagnes » côtoyaient, en anglais aussi bien qu’en français, « Rudolph le petit renne au nez rouge ».

À chaque arrêt, les petits chanteurs devaient choisir une chanson dans la langue du propriétaire de la maison. En cas de doute, ils se rabattaient sur le latin, ce qui plaisait à Albert, qui aimait la qualité sonore de cette langue, et plus particulièrement les paroles mystérieuses de l’Adeste fidèles. Albert n’avait rien d’un latiniste, d’ailleurs ce sont ses lacunes dans cette matière qui avaient précipité son départ du collège. Pour lui, la qualité d’un vers comme « laeti triumphantes », Joyeux et triomphant, n’avait rien à voir avec le sens des mots, mais plutôt avec leur musicalité, ou encore avec le caractère dynamique et rythmique d’une expression comme « natum videte regem angelorum », Voyez le nouveau-né, le roi des anges.

Cette année-là, les chants latins étaient plus faciles à chanter, puisque Paul-André et Josée étudiaient le latin et qu’ils pouvaient mener le chant et souffler les paroles mélodiques et mystérieuses des cantiques aux autres membres du groupe. À la fin de leur parcours, à l’angle des rues Levesque et Queen, ils s’approchèrent respectueusement de la grande maison victorienne du parrain d’Albert. Un grand sapin et sa crèche étaient installés devant le balcon, les lumignons multicolores clignotaient et les branches des grands arbres étaient silencieuses, la cime des arbres se perdant dans la voûte blanche puisqu’une neige tombait dru en cette soirée digne du solstice d’hiver. Albert demanda au groupe d’entonner le « Minuit, chrétien » : son oncle était le premier chantre de la paroisse et le « Minuit, chrétien » sa chanson préférée.

Dès le premier quatrain, le maître de la maison ouvrit la porte, invita la troupe à entrer, installa une de ses filles au grand piano et, sans hésiter, prit la direction de la petite chorale. Sous sa baguette, tout le groupe s’en donna à cœur joie, le cantor du Sacré-Cœur ayant donné le ton en entonnant lui-même le premier refrain. À partir de ce moment, le piano et les voix des adolescents se déchaînèrent, emportés par un directeur endiablé. Pour leur prestation, il leur offrit un billet de dix dollars neuf et, malgré les objections de sa femme, un verre de ti-blanc. Pour les petits chanteurs de la rue Levesque, ce fut le clou de la soirée et ils rebroussèrent chemin sous une neige qui tombait généreusement et lourdement, la fête les attendant à la salle paroissiale.

Le groupe des quatre amis laissa les autres chanteurs prendre les devants. Ils préféraient ralentir le pas et marcher ensemble. C’était leur première grande sortie « à quatre » depuis la Sadie-Hawkins, car ils avaient dû se consacrer à la préparation de leurs examens. Le village tournait au ralenti et les adolescents étaient seuls dans la rue bordée d’anciennes maisons victoriennes. Au loin, ils pouvaient voir un homme et son fils qui tentaient d’ajuster les lumières de Noël et un peu partout des enfants qui construisaient des bonshommes de neige, des châteaux forts et des tunnels dans les bancs de neige. L’ambiance était à la fête.

Les quatre amis s’amusaient à échafauder des plans pour leur avenir, conscients que leurs études allaient les séparer à l’automne suivant. Les quatre s’estimaient heureux de s’être rencontrés et, surtout, d’avoir eu l’occasion de vivre cette expérience extraordinaire. Ils étaient sous le charme de la soirée ; la nature, leur culture et même la musique de Noël semblaient en accord avec leurs croyances. Ils avaient l’impression de vivre dans un rêve, dans une illustration étincelante de carte de Noël. Ce soir-là, Albert écrivit dans son journal.

21 décembre 1967

Journée de solstice, de changement de saison.

Aujourd’hui, ma mère a eu droit à un très beau cadeau, à la grande demande en mariage de son prétendant. Elle a accepté, le mariage aura lieu au début de l’été. On va tous déménager à Sudbury.

Quelle journée, quelle nouvelle, mais il faut dire qu’on s’y attendait. Ça fait six mois que « le lui » nous visite régulièrement. Les petites l’appellent « lui ». Elles n’osent pas utiliser son prénom et elles refusent de l’appeler papa. Elles parlent donc de « lui ». Paul-André a formalisé son nom en l’appelant « le lui », pour le distinguer des autres « lui ». Ma mère va se marier avec « le lui » et je vais avoir sept sœurs (deux de plus), deux frères, une mère et un « le lui ».

Espérons que « le lui » est patient.

21 décembre 2019

Cinquante-deux solstices d’hiver plus tard…

Maman chantait, maman nous faisait chanter… même quand la vie était triste, elle chantait pour faire susciter en nous la joie de vivre.

Le « lui » s’appelait Lucien, plusieurs années plus tard, lors d’un jour de l’an festif, l’un ou l’une d’entre nous a décidé qu’il fallait le rebaptiser. Lui donner un nom, un rôle officiel, reconnaître la place qu’il occupait parmi nous. On lui demanda la bénédiction paternelle ce que nous n’avions pas fait depuis 1968, l’année de la mort de notre grand-père maternel.

Le lui était devenu notre papa, le grand-papa de nos enfants, l’arrière-grand-père de nos petits-enfants… et le gros lot que notre mère a gagné le 21 décembre 1967.

Ensuite nous avons chanté, la chanson des cheveux blancs avec Mémère, la chanson de la soupe aux pois avec maman et plusieurs autres hymnes à la vie.

Passez une belle journée de Solstice et de Joyeuses fêtes

De la mort d’un ami

L’an prochain, à l’automne 2020 les membres de la troupe de l’Université Laurentienne célébreront le 50e anniversaire de la création de la pièce Moé j’viens du Nord ’stie et quelques mois plus tard le 50e de la fondation du Théâtre du Nouvel-Ontario.

Claude Belcourt
Claude Belcourt, 1949-2019

J’ai lu dans Terre des hommes de Saint-Exupéry un passage qui nous parle de ce que nous avons vécu depuis cinquante ans dans la Coopérative des Artistes du Nouvel-Ontario. Cela est particulièrement important parce que nous avons célébré samedi dernier la carrière de Robert et, en ce dimanche, la vie de feu notre ami, Claude Belcourt cette fin de semaine.

« Liés à nos frères par un but commun et qui se situe en dehors de nous, alors seulement nous respirons et l’expérience nous montre qu’aimer ce n’est point nous regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction. Il n’est de camarades que s’il s’unissent dans la même cordée, vers le même sommet en lequel ils se retrouvent. […] Nous nous divisons sur des méthodes qui sont les fruits de nos raisonnements, non sur les buts : ils sont les mêmes. »

Pendant ces cinquante années, nous avons perdu plusieurs de nos amis. Les poètes ne sont pas des métaphores, ils naissent, ils vivent et malheureusement… ils meurent ; et les survivants les pleurent. Écrire un éloge funèbre est le privilège des vivants, on se rappelle à la mémoire feu nos amis, la mort d’une personne nous vivre la fragilité de nos poumons et la fébrilité de notre cœur.

Il faut se souvenir de nos morts, et aimer ceux qui poursuivent le chemin à nos côtés

À la mer… de l’amer…

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Le Grand Livre…
Volume 2, le 13 février 2019

Il neige depuis deux jours…
Pendant les derniers mois de ta vie, sachant que les choses allaient mal pour toi, je signais mes courriels en écrivant « Ton père qui t’aime depuis toujours et pour toujours ».
Je me rappele le jour de ta naissance, tu es apparu dans la pouponnière comme un petit homard à l’envers. La garde te lavait en te tenant, à bout de bras, par les talons. Elle t’a enrobé, t’as mis un petit chapeau, je t’aimais déjà… sans condition. Je ne savais pas exactement comment te le dire, je ne l’ai jamais sus, mais je sentais que je devais être là, car, à l’époque, c’est devant la fenêtre panoramique de la pouponnière que les papas « attendaient » paisiblement que le fruit de leurs entrailles soit livré. Ils avaient alors la vie facilement, the labor was done elsewhere.
Le « depuis toujours » est fini, et maintenant je suis dans le « pour toujours », même si tu n’es plus. À chaque fois, que je vois une relation difficile entre un père et un fils à la télé, au cinéma, ou que je la découvre dans un bouquin ou dans le dramatique du réel… je pleure.
Maman avait raison, perdre un enfant, c’est une petite mort… qui est là pour toujours. La perte est toujours présente, la douleur s’éveille facilement, et les larmes viennent d’elles-mêmes… J’ai mal à mon âme.
Depuis toujours et pour toujours.
En fait, je n’ai pas dit toute la vérité, avant de pleurer j’ai habituellement une abréaction, ensuite sans voir venir je crie ton nom, à pleins poumons… Ton nom qui résonne sur les murs de mon appartement appelle mes pleurs, comme les cris d’une mère qui apprend la mort de son enfant. Je suis seul, donc cela ne dérange personne. Je pleure d’autant plus. Normalement, les papas n’ont pas d’abréactions, les grands garçons ne pleurent pas, et pourtant… c’est ainsi.
Depuis toujours et pour toujours.

Maman chantait

Oui, notre mère chantait, je dirais même qu’elle était un recueil de chansons
Une chanson gaie pour célébrer la vie,
Pour éloigner les pensées noires.
Une chanson à répondre pour unir la famille,
Pour abolir la solitude.
Une chanson de Noël, pour susciter la générosité
Pour combattre la misère des autres.
Une chanson drôle, pour rire de tout, des bombes et de soi-même
Pour chasser le chagrin et la morosité.
Une chanson d’entrain, pour se donner du cœur au travail
Pour combattre l’ennui de l’oisiveté.
Une chanson pieuse, pour s’élever au-dessus de l’horizon
Pour combattre l’angoisse de notre conscience humaine.

Noel avec les Tremblay-Levesque
Pendant que les filles chantaient le refrain et que les hommes buvaient leur bière, Maman se rappelait à la mémoire les paroles du prochain couplet.

De ma moustache dans mon café et du crachat sur notre drapeau

 

J’étais un beau hippy, aux longs cheveux, à la moustache qui trainait dans son café. à Noël de 1973, je suis parti en voyage avec Bernard, mon amant, à la barbe luxuriante et surtout luxurieuse… C’était avant la mode des terroristes. À la fin de l’époque du Peace and Love !

Gaston au Moulinet, été 1973À Madrid nous avons demandé deux cafés au lait, et le garçon de table lança un ordre à qui voulait bien l’ignorer «Dos café crema por los Americanos.»

¡Uno, dos, tres y… veinte minutos! ¡NADA!

Nous nous consultons, nous concluons et nous nous écrions : « Camarero, no estamos Americanos, Estamos Canadiense!»

— ¡Si, Si, senior! Café crema ¡PRONTO !

C’était la belle époque où un drapeau canadien était notre meilleure carte de visite!!

Une pub à regarder et à partager !

https://www.youtube.com/watch?v=mY9x0AHUa-E

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