Proscrire les fausses libertés.

couleur symbole gros plan grippe

Au Canada, plus particulièrement au Québec, le docteur Arruda parle d’un relâchement de notre discipline solidaire.

Il n’est pas nécessaire d’être médecin pour faire ce constat.

Une course à l’épicerie IGA suffit.

Il y a de moins en moins de gens qui portent le masque.

Le docteur Arruda parle des conséquences, il a raison de nous avertir.

Les États-Unis sont en train de perdre le contrôle de la pandémie, 130 000 morts.

À cause d’un manque de discipline, mais pas celle de la population, mais plutôt celle du gouvernement Trump.

Rendre les masques obligatoires dans les transports en commun et dire du même souffle qu’il n’y aura aucune conséquence à le faire est contreproductif.

Cela donne l’impression aux gens qu’ils ont le DROIT de faire n’importe quoi.

Le gérant du IGA de mon quartier à peur d’être poursuivi, il laisse entrer tout le monde et blâme le gouvernement de ne pas être suffisamment clair.

Nous avons réussi à réduire les effets de la pandémie, pour le moment…

Nous avons collectivement identifié les services essentiels, il faut maintenant imposer le port du masque dans tous les services essentiels.

Nous avons tous le droit de traverser une intersection sans être écrasés par un chauffard.

Nous avons tous le droit d’aller à la pharmacie, à la quincaillerie, à l’épicerie, à l’hôpital sans être infectés.

C’est la responsabilité du gouvernement protéger les droits de tout un chacun.

Dans mon quartier, ce sont les « sans soucis » qui ont le haut du pavé.

C’est au gouvernement de prescrire les bonnes actions et de proscrire les fausses libertés.

C’est le temps d’agir.

Postscriptum : En regardant Fareed Zakaria, j’ai été amené à faire la différence entre la démocratie et l’autocratie, dans le contexte de la pandémie. Pour moi la différence entre l’essentiel et non essentiel est claire, mon critère de différenciation est ce qui est nécessaire à la survie d’un individu, surtout dans le contexte des grandes villes, les lieux de prédilection du Virus. On a besoin de manger, de se loger, d’avoir accès à des services médicaux, à des sources d’information d’information, et les gouvernements ont tenu compte du besoin de relaxer: donc le câble, la société des alcools et la marijuana. Dans ces cas, et les autres essentiels que je ne mentionne pas, le gouvernement a la responsabilité d’exiger le port du masque. Pour le reste, il doit respecter tous les droits des individus.

Une marche dans le parc

 

Frankenstein

Une pause pendant la pandémie !

Jour après jour, de semaine en semaine, c’est la même chose, dodo-télé-dodo, l’état d’être de notre conscience est endolorie, cette partie de nous-même qui écoute, qui voit et perçoit la réalité de notre « totalité »… est endormie, car nous ne voyons que la mort à l’horizon.

Dodo-télé-dodo

On ne compte plus les morts une à une, on s’intéresse plutôt à la fréquence.

Un médecin a annoncé à la télévision, hier soir, qu’il y avait un Américain qui mourrait du Corona Virus à toutes les 47 secondes.

Pour tout un chacun, c’est une prise de conscience de l’intérieur vers l’extérieur, un regard détaché de la réalité, c’est sûr, et cette vision est si intense qu’il est difficile de faire la différence entre notre perception des choses et les choses elles-mêmes.

Dodo-télé-dodo

Mon ami, Paul-André, écrivait quelques mois avant sa mort :

La vie, c’est tout un évènement
C’est le plus beau
C’est le plus grand

Voilà un truisme déchirant, surtout évident, en temps de pandémie. J’ai les nerfs à fleur de peau, j’entends l’écho de ma voix qui chuchote dans ma tête :

J’ai peur, j’ai l’impression de vivre dans un film, tout ce qui nous arrive dans nos trop confortables « prisons privées » est tellement surréel. Si les punks des années quatre-vingt étaient les héritiers de Dada, le trumpisme est certainement l’ultime dadaïsme, l’œuvre d’une personnalité aussi fausse que les matamores de la comedia del arte.

J’ai peur!

J’ai peur de mourir seul, dans un monologue percutant, dans une scène de tu-seul théâtral à la Michel Tremblay, comme un tourbillon de poésie figé dans une bulle de plastique opalin.

J’ai peur!!

J’ai peur de devenir une pipe qui n’est pas une pipe, car je suis un homme, je ne suis pas une chose.

Dodo-télé-dodo

Le président Trump prévoit que la fréquence des décès augmentera à plus de 3 000 personnes par jour, à une victime chosifiée toutes les 30 secondes et ce… avant le début du mois de juin.

Et il bat la mesure, comme le tambour de la République des lemmings américains qui marchent, au pas, vers le paradis perdu du rêve américain.

Le docteur Fauci prévoit que la fréquence des morts augmentera jusqu’à la trump-vitesse maximum, jusqu’à la limite de la tolérance à la souffrance des Américains.

Dodo-télé-dodo

Va-t-il falloir construire des hauts-fourneaux pour incinérer les victimes du trumpisme.

Dodo-MAMAN-dodo !!!

J’ai peur…

 

Postscriptum :  après avoir écrit ce texte. j’ai vu ce clip. À voir!!! https://www.youtube.com/watch?v=t_yG_-K2MDo

Poètes invités

Bonjour à tous,

Andrée Lacelle, une poétesse d’Ottawa, a réagi aux actes d’agression du « premier ministre » contre les Francos-Ontariens en sollicitant de courtes contributions de ses amis poètes. J’ai accepté de participer au projet d’Andrée et de publier son/notre poème rapaillé sur ce blogue. Nous vous encourageons à le partager avec le plus de personnes possible!

GAT

LE POÈME RAPAILLÉ

Dire la lumière de notre colère

LEPOÈMERAPAILLÉ_docx

 

 

 

 

 

Vous osez nous attaquer
dans notre existence même
maternée par notre langue
qui féconde notre identité
notre histoire notre mémoire
insondable est ma colère
jamais au grand jamais !
vous n’arriverez pas à me faire taire

•••

C’est du silence qu’émerge la parole.
C’est de cette parole que jaillit l’écho.
Avec tout le respect que je ne vous dois pas, monsieur,
je vous prie d’agréer ma reconnaissance
envers un geste qui n’aura que souligné votre ignorance.
Le silence est le meilleur prétexte pour se dire.
Merci de contribuer à notre visibilité.
Joke’s on you.

•••

Survivance

Poètes, soyons du cri et du hurlement
contre la meute et l’absurde de l’ignorance.
Auraient-ils déjà oublié Montfort encore fébrile
de la lutte sous nos ongles ? Nos voix durcies
par les mines et le nickel de nos passés ?
Nos quartiers décimés? Nos écoles fermées
et nos droits bafoués par leur stupeur ?
Quand on assassine une langue, on tue son peuple.

•••

Jean Marc savait que même dans les années 80
nous étions les Nigger-frogs de la province
mais c’est aujourd’hui que nous croassons
à voir notre étang se dessécher
Nos mines sont devenues des monuments
nos chantiers des routes vociférantes
notre soif frictionnée à l’alcool de rage

Qu’on ose nous couper les pattes
nous servirons le souper

•••

Je ne lis pas le français.
Je n’écoute pas le français.
Je n’écris pas le français.
Je ne parle pas le français.
Je n’étudie pas le français.
Je n’utilise pas le français.
Je vis le français,
comme beaucoup de francophiles.
Le fait de nous en priver est donc plus qu’un linguicide : c’est un meurtre.

•••

J’ai pris une grande marche au bord de la rivière, l’eau coule et nous aussi
j’ai pris une longue respiration au soleil, ses rayons éclairent et nous aussi
j’ai pris les dimensions de la consternation proclamée
j’ai pris de front la colère manifestée
j’ai pris la main de la détermination annoncée
j’ai pris à cœur nos mots exprimés, vêtements de la solidarité
voici venir le temps des grands vents

•••

Je ne sais pas écrire de la poésie sur la bêtise, l’indifférence ricanante,
L’intolérance à peine camouflée, l’aveuglement volontaire, les raisons économistes,
Les austérités néo-libérales et populistes, leurs mensonges grossiers, leurs trahisons ordinaires,
Leurs silences hautains et calculés, et les gros monsieurs grillés au soleil floridien,
Ou ailleurs, et leurs discours trompettant et plastifié ; mais ceci n’est pas un poème
Et la résistance est déroutante, polymorphe, rabelaisienne et câlisseuse.

•••

Les champs ont vieilli
La ville manque de biscuits
Nous mangeons les fleurs du tapis
La ouate des matelas nous colle aux lèvres
Les jardins se confondent dans nos corps et la misère
Ne nous fait plus bander : laissée derrière, la cendre des ténèbres
N’est plus que la poudre aux yeux calfeutrés de suif d’un aveugle
En odeur de gong. Prière de ne pas prier, aujourd’hui il faut exiger !

•••

Une fleur dans le canon d’un fusil – la paix !
Une parole interrompue – quel malappris !
Une langue ignorée – une cacophonie muette !
Un droit retiré – je me lève !
Droit comme la majuscule à l’accent aiguisé par mon clan.

•••

Non ! Vous n’étoufferez pas la flamme qui fait fleurir l’esprit
Vous ne tairez pas les mots de notre langue
à la pureté de nos fleuves et de nos rivières
à la noblesse de nos montagnes et de nos forêts.
Oui ! Nous continuerons de chanter la beauté
son souffle fécond dans nos gorges en feu.

•••

Nous priver de l’enseignement de notre langue
En Franc’Ontarie que nous portons au cœur
C’est charcuter l’héritage et bafouer les lois du passé
L’arbitraire imposé par l’ignorant FordiCrâneur
Cèdera le pas à Justice / Équité étant de notre côté
Sinon le Combat est réouvert jusqu’à Victoire Franc’Ontarienne !

•••

Sache le souffle qu’ont porté ces lieux
Leurs noms français si français
Le cœur qu’ils refoulent
Étourdi de flèches
Pointe Maligne Rigolet des Mille Roches Isle à l’enfant perdu
Pointe à la Cuisse Ance au Gobelet Isle aux deux têtes…
Je vous le dis
Je revendique le droit
De chanter ce fleuve de l’Ontario
L’infiniment oublié

•••

Chez nous !
Sur notre îlot francophone
Dans cette mer anglophone
Nous refusons de nous laisser détruire
Nous résisterons jusqu’à la mort
Ne vous en déplaise Monsieur Ford
Ici et là
Nous sommes debout
Debout et fiers d’être ce que nous sommes
Franco-Ontariens et fiers d’être là
Chez nous

•••

nous avons été, nous sommes et nous serons
fiers habitants de cette terre
nul préjugé, nul caprice, nul diktat
ne saura nous déloger
car nos racines sont
nobles, vigoureuses et profondes

•••

L’abécédaire du politicien

Les véritables personnes politiques
Les vraies, les fortes, les belles personnalités ALPHA
Ne s’en prennent pas aux minorités
Car cela ne règle qu’une partie des problèmes
Les vrais chefs, les vraies cheffes
Ont le courage de demander les mêmes sacrifices

D’exiger des contributions proportionnelles
De tout un chacun
Du premier au dernier
Du plus fort au plus faible
Des plus riches aux plus pauvres
DE L’ALPHA À L’OMÉGA

•••

Que l’âme rebelle cerne son horizon
l’élargisse au fil des générations
Elles ont œuvré pour leur université
Le centre-sud-ouest francophone s’accroît
On ne peut faire marche arrière
et oublier que toute minorité
teinte l’océan de son fleuve

•••

j’aurai le dernier mot
celui qui dit que j’ai ma place ici
et j’aurai mon mot à dire
bien après les cris blafards
cherchant à étouffer ma parole

•••

sur le trottoir
d’années lumières
une fleur de lys et un trillium
entrelacés d’un amour noir
sont écrasés par un gros porc
qui jette sa boue dans le jardin
des fleurons glorieux
la fin est proche qu’ils nous disaient
pendant qu’ils la précipitaient.
se tenir la main au bord du gouffre
pour éviter qu’on y glisse
crier dans ce trou
pour que les échos l’ensevelissent

la lutte est longue dans les coulisses

•••

Réduire au silence
600 000 rebelles
conduit,
M. Ford,
au lever d’un peuple
car nous sommes debout depuis 400 ans
et ce n’est pas vous qui nous ferez taire.

•••

Avec en mémoire mes ancêtres précurseurs
Je dépiste la trace de la trace
Au diapason du monde
Notre parole française franche
Disait dit dira la vie ici

Quand je revois l’arbre de mon enfance
Plus haut que les autres
Parfois je pressens le temps d’un mythe venu
Or l’arbre qui me fixe ne sera pas abattu

 

POÈTES

Pour une mobilisation de la parole poétique franco-ontarienne
face à l’attaque du gouvernement Ford contre notre collectivité

François Baril Pelletier – Angèle Bassolé – Jean Boisjoli – Hédi Bouraoui – André Charlebois – Éric Charlebois – Tina Charlebois – Nicole V. Champeau – Andrée Christensen – Margaret Michèle Cook – Daniel Groleau-Landry – Andrée Lacelle – Gilles Lacombe – Sonia Lamontagne – Gilles Latour – Pierre Raphaël Pelletier – Paul Savoie – Michel A. Thérien – Gaston Tremblay – Lélia Young

Un chroniqueur invité

Therein lies the rub

Je suis de très près le débat sur l’abolition de l’université française à Toronto. Je suis toujours perplexe, car je m’inquiète beaucoup plus de la réduction des services en français à l’Université d’Ottawa et surtout à l’Université Laurentienne que de l’abolition d’une université française hypothétique à Toronto.

Surtout à la Laurentienne, car cette université opère depuis ses débuts grâce à la Charte de Collège du Sacré-Cœur (1913) qui, depuis le premier quart du vingtième siècle, détenait une charte universitaire (quelques années après la fondation du collège). C’est avec cette charte que les Jésuites ont fondé l’Université de Sudbury, bilingue et catholique. C’est cette même charte qui a servi à lancer la Laurentienne, une université bilingue et non confessionnelle.

Au début, pendant les années soixante, au troisième étage de l’édifice central, on trouvait à la gauche de l’escalier le département d’anglais et à la droite de l’ascenseur, le département de français. Le symbole était fort, car cette université bilingue et biculturelle a choisi à l’époque de monter en épingle son bicœur, ces deux départements qui devaient faire la promotion de nos deux langues et cultures nationales… également !

Ce n’est plus le cas ! Je me limiterai à citer une étudiante qui a dû cette année prendre un cours au département d’études anglaises pour terminer son baccalauréat en études françaises.

“To die, to sleep
To sleep perchance to dream:
Ay, there’s the rub.
For in that sleep of death what dreams may come”

Il y a quelques années je me suis présenté au Microsoft Store de Toronto pour une expertise technique. J’ai demandé au jeune préposé la question suivante.

GAT : When will the Microsoft Store be open for business in Montreal?

Microsoft person : There will never be a Microsoft store in Montreal!

GAT : Why?

Microsoft person : Because of the language issue.

Un chroniqueur de La Presse à Montréal a senti le besoin de publier cet article dans les deux langues pour interpeler plus efficacement ces compatriotes anglophones qui travaillent dans les grands médias anglais de Toronto.

Je vous la soumets en anglais, car tous mes lecteurs sont bilingues (we have no language issues), mais j’ai inséré à la fin de l’article un hyperlien vers la version française.

« GUYS, REMEMBER PASTAGATE ? !

La Presse columnist is aghast at the near- total lack of interest of the Toronto press
PATRICK LAGACÉ LA PRESSE
Did you hear that double thud ? It’s the one-two punch that just landed on the face of the Franco-Ontarian community. The fist belongs to Ontario Premier Doug Ford, who has just cancelledPresse plans to build the province’s first francophone university and eviscerated the Office of the French Language Services Commissioner.
Yes, I am outraged, as a lot of francophones from coast to coast are. Of course, to know about that outrage, you would have to check the French media. The anglo media outside Quebec are doing the bare minimum in terms of coverage.
Hence, this column in English. I’m thinking that maybe, just maybe, if you read about the outrage going on in your province from a guy in Montreal – but in English – maybe you’ll pay attention and start giving a damn. I’m not holding my breath, mind you.
The near-silence from the Toronto press on these bigoted cutbacks targeting the Franco-Ontarian community is quite ironic. Usually, outlets like the National Post, the Toronto Star or The Globe and Mail, to name a few, offer a pugnacious coverage of language issues and spats… when they happen in Quebec and when the (real or perceived) villain is the Quebec government.
But when francophobe cutbacks – yes, dear comrades in the Toronto commentariat, francophobe, say it, it won’t hurt your tongue – target the francophone minority in Ontario, the forceful columns and editorials are nowhere to be found.
It’s ironic, as I said, because through the years, I’ve sometimes had the impression, reading the Toronto press, that it is very, very, very concerned with the fate of minorities in Quebec. In fact, you could think, reading some pieces, that the anglo minority in Quebec is enslaved.
No, I am not conjuring up the slavery metaphor in vain. I actually read it in The Globe and Mail at the height of Pastagate… Remember Pastagate ? To recap : an inspector from the Office québécois de la langue française, in a ridiculous bout of zeal, was going to fine a restaurant for having Italian words on its menu. Granted, it was dumb. I said so at the time. So did many others in Quebec, in the winter of 2013.
Pastagate was heavily covered in the Toronto press. Columns, editorials : the hot takes were piling up. So, a piece published in the Globe on February 26th 2013 started with a lengthy quote from Frederick Douglass, the famous African-American former slave who fought against the infamy of slavery…
The second paragraph of the piece authored by Sandy White stated this : “That was Frederick Douglass writing about the fight against slavery in the United States prior to the American Civil War.
HOWEVER, ONE COULD EASILY MISTAKE THIS AS SOMEONE WRITING TODAY ABOUT QUEBEC…”
Caps are mine and serve to emphasize the sheer stupidity of linking the crimes against humanity that was slavery and the fate of the anglophone minority in Quebec. But it was written. And it was published. Not in a xenophobic rag like the Toronto SUN, mind you : in Canada’s National Newspaper.
Let’s stay on Pastagate, if you will. It is a great prism through which one can analyze the double standard at work when the media from English Canada step to the plate for the rights of linguistic minorities…
On March 1st 2013, at the height of Pastagate coverage, a National Post editorial stated this : “In short, Quebec’s language laws are an international embarrassment because they deserve to be – only they are really no laughing matter. CANADIANS WOULD BE APPALLED IF A FOREIGN GOVERNMENT IN A DEVELOPED COUNTRY TREATED A MINORITY THE WAY QUEBEC’S GOVERNMENT TREATS ITS ANGLOPHONES AND ALLOPHONES.”
Caps are mine, again…
I’ll be clear : there is always room for improvement in the treatment of Quebec minorities.
But inferring that anglophones and allophones in Quebec are so ill-treated that it should warrant international outrage is both incredibly dishonest and a gross exaggeration. Still, it was published.
As a Quebecker I am proud of the fact that the anglophone community has institutions that are publicly funded by the Quebec government. It has three universities, McGill, Concordia and Bishop’s. When Quebec built the francophone Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), it also built the anglophone McGill University Health Center (MUHC), in the same spirit : that these hospitals be world-class hospitals. Nothing is perfect, of course, but this is one way to respect minorities : by funding their institutions.
So, tell me, fellow columnists in the Toronto papers, where is the world-class, francophone hospital in Ontario ?
There is Montfort, yes. Great hospital. Not “world-class” like the MUHC, I’d say, though. And the francophone community had to go to court a generation ago to ensure that the Conservative (again) government of Mike Harris could not kill Montfort Hospital, like it tried to.
And where is the francophone university in Ontario ? If you answered Ottawa U, wrong you are : it’s a bilingual university, like Laurentian in Sudbury. There was at long last going to be a francophone university in Toronto, after decades of dreaming about it and planning for it, and…
And, well, Doug Ford just killed it.
So I am asking you, my fellow comrades-in-arms in the commentariat, yes, you, the editorial and opinion writers based in Toronto…
Where is the outrage ?
Nowhere, I gather : Étienne Fortin-Gauthier, a reporter for the public broadcaster TFO, tweeted yesterday that his daily press brief from Queen’s Park included NOT A SINGLE WORD ABOUT THE FRANCOPHONES’ MOBILISATION (caps mine, again) in the Toronto press. Repeat : NOT A SINGLE WORD.
Francophones across Canada are aghast at this frontal attack on francophones’ institutions and rights led by Doug Ford and (sigh) Caroline Mulroney, who is exceptionally gifted in the role of the token francophone in Mr. Ford’s Cabinet. This outrage is echoed in Ottawa by Prime Minister Trudeau and Mélanie Joly, the Cabinet minister responsible for Official Languages. It is echoed by francophone media and the Montreal Gazette, which lambasted Ford in an editorial.
But what about the Toronto press, which is so influential in setting the agenda in this country ? All I’ve seen is a bare minimum coverage, a 5W-type coverage since the announcement last Thursday.
As far as I can tell, Chantal Hébert, in the Star, is the only opinion writer in the Toronto press who has given a voice to the grievances of French-speaking Ontarians.
Where are the pugnacious columns denouncing this mistreatment of a linguistic minority in Ontario ? Where are the sanctimonious editorials ? I am not even asking for a slavery metaphor ! You know, just the same concerns that propelled your Pastagate coverage from 2013…
I know that I’m gonna die waiting for you guys to care about francophones in Ontario. I have to come to terms with the fact that when it comes to linguistic minority rights, the Toronto press cares only about anglos in Quebec.
As for the Frogs in Ontario, well, as this delicious English expression goes : you don’t give a shit. »

Version française dans la Presse.

https://www.lapresse.ca/debats/chroniques/patrick-lagace/201811/19/01-5204844-ils-sen-fichent.php

America the ugly

THE HORROR OF IT ALL !!!

TTrumphose who want to hide what is going on in the United States are trying to deflect the public outrage about the plight of the children who were separated from their parents towards Time Magazine who used the picture of this child to illustrate the anguish of all these infants. Trump is blaming the whistle blower instead of the child molesters.

I understand that this young girl was not separated from her mother, they both got away. The father of the girl is proud that the image of his daughter was used to illustrate the plight of the 2 500 children who were unlawfully separated from their parents. He is a strong man, a compassionate man who understands what is going on, that what goes around comes around, and that denouncing child abusers is his role, in his family and in public.

The American government is now saying that it will take months to reunite children with their grief-stricken parents. The Trump administration is acting in bad faith, this is the strongest and the richest country in the world. Obama was able to wrestle the USA out of a major recession. Trump can and should reunite these children within a week, but to him being strong is doing bad things. He is not strong, he needs to hide what he is doing, he does not have the what-you-might-call-it to confront those who oppose him, he is a weakling hiding behind the skirts of his mother, or in the present context behind the lady justice, to avoid being called out.

In this modern world it is often difficult to define the role a man. Virility has become an abstract concept, but we know the role of parents is to protect the children, not only their children but also the children of the community. A real man needs no instruction on how to treat a pregnant woman: to offer his seat in a bus; to wait until she is seated, to start a meeting; to walk on the street side of a sidewalk; and finally to recognize that a woman accompanying children in a public must be given the right of way.

When a desperate child knock’s on a door, and real man necessarily takes it in and cares for it as if it was his own. The role of the ultimate male, the president of the United States, is to protect the children of his country and the children of the families who ask for asylum. This is a self-evident truth, and that is why it is included in the American constitution. That law is not a sign of weakness but rather an expression of strength, by strong independent men who knew what their role was in a society where women stayed at home with the children. Society has changed, the truth has not! The responsibility of drafting and voting laws is now shared by both women and men, the responsibility of caring for the young is also a shared responsibility.

It is also an expression of human decency.

Topo-Gigio, la réalité et une peinture de Goya

Ce soir, jour de la Saint-Valentin, j’ai délaissé les ondes de l’American-Live-TV pour regarder Crazy-Heart, un film de musique western.
Pour moi les États étaient les pays de Walt Disney, de la cabane du Shaggy Dog, de la maison de billes de Daniel Boone, de Rintintin et de Lassie. C’était aussi la section de journal des bandes dessinées de Mickey Mouse, de Donald etTopo ses trois petits neveux, des programmes de Lucille Ball, d’Ed Sullivan et de son ami Topo Gigio.
C’était le pays des oranges à l’époque où les oranges étaient rares en hiver. C’était un pays magique, celui d’Elvis Presley qui chantait Crying in the Chapel en noir et blanc.

« America the beautiful.
The land of the free and the brave »

Et le paradis n’est plus, c’est le déclin de l’empire américain dans le grand colisée américain, les nouvelles de six heures, en direct et ensanglantées. La place publique  dans ce qui est maintenant le pays des adultes qui tuent leurs propres enfants pour vendre quelques fusils de plus, dans celui des politiciens qui se font graisser la patte par la NRA afin de se payer des publicités publicitaires aussi violentes que fausses. In order to win no matter the price.
Une maman qui s’en allait prendre ses enfants à l’école s’est arrêtée pour parler à une journaliste, elle n’arrivait pas à dire quoi que ce soit de cohérent, la situation étant pour elle tout à fait surréelle. Meanwhile back at the television ranch, Phillip Mud, un ancien agent FBI, éclate en sanglot, est incapable de continuer à commenter les nouvelles! « I cannot do this anymore », s’écrie-t-il en faisant allusion à toutes les tueries depuis quelques années.
CNN tente d’élucider le pourquoi, la raison profonde de toutes ces attaques en parlant à des psys, à des prêtres, à des témoins, à des victimes. Ils ne veulent pas comprendre que ce ne sont pas les individus qui sont malades, que c’est plutôt le pays tout entier. Rappeler vous lu film Apocalypse Now, c’est la meute sanguinaire qui était terrifiante.
J’ai gardé des souvenirs forts de mon premier voyage en Espagne. Le plus frappant pour moi fut les deux salles dédiées aux œuvres de Francisco Goya dans le musée Musée  Prado. Le tableau de Vénus qui mangent un de ses fils m’a littéralement renversé, et même 30 ans plus tard, il m’apparait comme la parfaite métonymie de l’Amérique de Donald Trump.

150px-Francisco_de_Goya,_Saturno_devorando_a_su_hijo_(1819-1823)

Gaston en enfer

Man in the Machine

Je me targue d’astevevoir lu tout l’œuvre de Jean Éthier-Blais, qui fréquentait mes parents quand ils étaient adolescents dans le village de Sturgeon Falls, en Ontario. C’est une œuvre magistrale, dont un passage reste gravé dans ma mémoire.
« J’aime regarder par la fenêtre. » […] Est-ce, dans une fenêtre, le paysage qui m’attire ou bien la vitre ? Est-ce par-delà le verre, mon image qui, soudain, lorsque je bouge, m’apparaît ? […] Et lorsque je j’écris que « J’aime regarder par la fenêtre », ne veux-je pas dire que c’est en moi que j’aime plonger les yeux du rêveur ? »

J’ai vu, sur Netflix, un film documentaire intitulé, Steve Jobs : The Man in the Machine. Deux longues heures : « longues », car il y a des passages difficiles même pour une personne qui n’aime pas cet homme et encore moins ses machines. Soyons clairs ! Nous ne pouvons pas faire l’oraison funèbre de Jobs sans reconnaître les immenses talents, la créativité exubérante, de ce visionnaire et sans admirer la beauté, l’ampleur et l’importance de son œuvre.
Qu’il fût un homme difficile à vivre est un secret de polichinelle. Le mauvais traitement qu’il a réservé à sa première compagne lorsqu’il a appris qu’elle était enceinte, celui qu’il a imposé à sa fille Lisa qu’il ne voulait pas reconnaître, le refus de reconnaître à leur juste valeur les contributions des cofondateurs de Apple en témoignent. Ce document passe rapidement sur ses agissements bien connus afin de mieux soulignés l’ampleur de ses comportements organisationnels aberrants : son refus catégorique qu’Apple fasse des contributions philanthropiques, sa participation à des conditions de travail qui s’apparentent à l’esclavage en Chine, son refus de reconnaître la responsabilité de Apple pendant et après une vague de suicides dans les manufactures de ses sous-traitants chinois, le détournement systématique des profits de Apple vers deux petites entreprises bidon irlandaises qui n’ont presque pas d’employés, une poursuite enragée contre un journaliste qui a trouvé un prototype d’un nouveau téléphone Apple dans un bar, des contrats de travail manichéens qui interdisaient à ses employés de chercher et d’accepter du travail ailleurs, la collusion qu’il a dirigée dans Silicon Valley pour mieux contrôler ses employés. Et à la fin du film, le cinéaste suggère que plus son cancer avançait, plus il s’acharnait contre ceux qui s’opposaient à lui.
Le rideau tombe sur ce film lorsqu’une scène nous fait voir le visage émacié de Jobs réfléchi sur un écran d’IPAD. Une image qui se transforme pour nous laisser apercevoir celui du narrateur qui dit premièrement « Qu’est-ce que cette machine nous dit au sujet de l’homme qui est dedans » pour ensuite nous donner le coup de grâce de son film « Qu’est-ce que ses machines nous disent au sujet des consommateurs qui les achètent ».
Le coup est bien porté, car la mission que le cinéaste s’est donnée est d’expliquer la vague d’amour qui a déferlé sur le monde à l’annonce de la mort de Steve Jobs, car le succès de Jobs est dû à la popularité de ses produits malgré les comportements de leur créateur.
L’œuvre de Jobs est magistrale, mais le prix à payer pour tous ses produits jetables est très élevé, pour ceux qui l’ont connu et pour ceux qui l’ont appuyé.

Révision de la Loi sur le droit d’auteur : n’oublions pas les créateurs !

Communiqué pour publication immédiate
Montréal, 18 décembre 2017

L’UNEQ accueille favorablement les intentions du législateur dans la révision de la Loi sur le droit d’auteur, annoncées le 14 décembre dernier par les ministres Mélanie Joly (Patrimoine canadien) et Navdeep Bains (Innovation, Sciences et Développement économique Canada).Les deux ministres ont fait savoir que la loi sera revue en profond

Maison-des-écrivains
La maison des écrivains : au square Saint-Louis à Montréal

Les deux ministres ont fait savoir que le loi sera revue en profondeur et qu’elle redonnera du poids aux droits des créateurs : la législation devra « habiliter les créateurs à tirer profit de leur travail et de leurs investissements », « permettre aux créateurs de recevoir une rémunération équitable et transparente et aux utilisateurs de bénéficier d’un domaine public ». Nous ne pouvons qu’être en accord avec ces intentions et espérer qu’elles seront suivies de résultats concrets.
Le porte-parole de la ministre Mélanie Joly, Simon Ross, a d’ailleurs déclaré : « On a souvent dit qu’il sera important de remettre les créateurs au centre de la loi », ajoutant que « la réforme de 2012 n’était pas équitable pour les artistes ». Nous sommes d’accord avec cette déclaration et croyons que ce souci à l’égard des créateurs est devenu fondamental pour assurer la survie de notre modèle de création artistique.
L’UNEQ note cependant que la révision de la loi a été confiée au Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes. « Il est primordial que le ministère du Patrimoine canadien soit intimement engagé dans le processus pour que la révision de la loi tienne compte des besoins des créateurs et de l’industrie culturelle », estime Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ.
Rappelons qu’en 2012, lorsque le gouvernement fédéral a modifié la Loi sur le droit d’auteur, il a accru le nombre d’exceptions qui permettent d’utiliser une œuvre protégée ou une partie de celle-ci sans le consentement du titulaire de droits et sans rémunération.
En conclusion, si nous estimons heureuse l’annonce des deux ministres fédéraux, nous rappelons notre volonté de prendre part activement à ces travaux de révision. Il s’agit de déterminer les valeurs fondamentales que le Canada veut mettre de l’avant pour les années à venir, avec des répercussions importantes pour les créateurs et l’ensemble de la société.
À propos de l’UNEQ
Créée en 1977, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois regroupe plus de 1 500 poètes, romanciers, auteurs dramatiques, essayistes, auteurs pour jeunes publics et auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques. L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.
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Source : Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)
Contact : Jean-Sébastien Marsan, directeur des communications, 514 849-8540 poste 225 | jsmarsan@uneq.qc.ca

 

PEN International s’inquiète

Voici donc un communiqué de presse de PEN International, dont je suis membre, que j’ai traduit en Français pour PEN Québec.

Gaston

PEN International s’inquiète de la détérioration du climat de liberté d’expression en Catalogne

85755_camera-television-tv3-catalogne-chaine-publique23 novembre 2017 — PEN International est extrêmement préoccupé par les restrictions qui ont été imposées à la liberté d’expression et d’opinion en Catalogne pendant la campagne référendaire et après le référendum sur l’indépendance de la Catalogne tenu le premier octobre 2017. Alors que l’élection régionale du 21 décembre approche en Catalogne, PEN International est particulièrement alarmé par les rapports sans précédent de l’augmentation du niveau de harcèlement et de violence contre les journalistes.

« Pour qu’une élection soit libre et juste, il est vital et évident que les journalistes devraient être capable de travailler sans harcèlement, sans intimidations et interférences indues, pour qu’ils puissent agir librement, parler à quiconque ils veulent et écrire ce qu’ils désirent. Les médias ont un rôle légitime dans une démocratie : celui de chien de garde, celui de créer une plateforme de diffusion pour les campagnes, celui d’être un forum pour les débats, celui d’éduquer le public, pour que le peuple puisse participer pleinement et de façon significative dans l’élection. À ce jour, la réaction du gouvernement espagnol à cette crise politique est déconcertante, et contraire au genre de message que l’Espagne — et les autres pays européens — transmet aux pays qui sont aux prises avec une élection hautement contestée et partisane. Selon Salil Tripathi, président du Comité de la défense des écrivains emprisonnés de PEN International, « La démocratie commence à la maison ».

Suite à plusieurs rapports crédibles et bien documentés de l’emploi de force excessive le jour de l’élection par les agences de la paix — notons que de tels rapports exigent des enquêtes approfondies et impartiales menées par des experts indépendants — PEN International souligne encore une fois que le climat favorable à la liberté de presse en Catalogne se désagrège de jour en jour. La polarisation du débat sur l’indépendance de la Catalogne a un impact néfaste sur la liberté d’expression des médias ; plus particulièrement, il y a un manque de reportages équilibrés dans les deux camps, ainsi que dans les services publics d’information.

Des exemples de la détérioration de la liberté d’expression incluent :
• Des cas de harcèlement des journalistes dans les médias sociaux et même, dans certains cas, des cas de violence physique. Les deux camps, aussi bien celui étant en faveur que celui étant contre l’indépendance de la Catalogne, sont impliqués dans ces méfaits qui sont perpétrés avec l’aide des actants publics ou privés.
• Les autorités judiciaires poursuivent l’éditeur du magazine satirique El Jueves ainsi que le comédien, Eduard Biosca, pour des farces qu’ils auraient publiées dans le magazine ou proférées à la radio au sujet des policiers espagnols.

• Des enseignants de trois écoles de la ville La Seu d’Urgell sont l’objet d’une enquête pour avoir supposément fait en classe la promotion de discours haineux lors des débats politiques au sujet du référendum et de l’oppression systématique orchestrée par la police.
• Selon un reportage, un instituteur qui a été arrêté pour quelques moments est toujours le sujet d’une enquête pour avoir présumément incité des gens à la haine et critiqué la violence de la police dans les médias sociaux.

PEN International a déjà exprimé sa préoccupation en ce qui concerne l’utilisation des mesures judiciaires pour étouffer les débats démocratiques en Catalogne et l’utilisation, dans certains cas, de l’emprisonnement avant procès criminel pour l’expression non violente d’opinions politiques dissidentes. Entre autres, cela inclut des cas bien en vue comme les actes d’accusation contre des sécessionnistes bien connus comme Jordi Sànchez et Jordi Cuixart pour rébellion et sédition, ainsi que des accusations semblables contre plusieurs chefs de file politique et des vingtaines de politiciens locaux, des accusations incluant la désobéissance criminelle, la prévarication et le mauvais emploi des fonds publics.

Selon Marjan Strojan, président du Comité des écrivains pour la paix de PEN International « Une élection démocratique est impossible quand les gouvernements entravent et restreignent la liberté d’expression pendant une campagne électorale. ». Il a ajouté que « Les autorités espagnoles doivent faire preuve de retenue et accepter que le discours séparatiste contribue au pluralisme de la société espagnole et qu’il soit toléré dans une société démocratique tant qu’il n’incite personne à la violence. »

PEN International souligne que la liberté d’expression sans encombre, ainsi qu’une presse et des médias libres sont deux piliers importants d’une société démocratique. Dans le contexte de la campagne pour les élections régionales qui commencera le 6 décembre 2017, nous recommandons que les autorités espagnoles et catalanes :
• Prennent tous les moyens nécessaires pour s’assurer que les élections soient libres et juste, ce qui inclut en particulier la liberté de la presse et des médias ;
o Qu’elles s’assurent que les journalistes puissent faire le travail sans interférences indues ; et,
o Qu’elles garantissent l’accès aux médias et assurent une couverture et un traitement égal à tous les partis politiques par les services d’information publics ;
• Qu’elles s’abstiennent d’utiliser l’appareil judiciaire comme outil de suppression de la liberté d’opinion, d’expression et de débats ; et,
• Qu’elles prennent toutes les mesures nécessaires afin d’engendrer un climat favorable à l’expression pacifique de l’opinion politique du peuple catalan, incluant celle de l’autodétermination.

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Des philosophes invités

En ce lundi matin, j’ai pensé partager avec vous un article qui m’a profondément touché. En tant qu’écrivain, je suis souvent confronté par le problème éthique de la réalité qui s’oppose (et même s’impose) sur la fiction… et vice-versa. Cela étant plus vrai que je pratiquer l’autofiction ou ce que j’aime appeler l’écriture au premier degré, comme les comédiens utilisent souvent leurs propres expériences pour mieux interprétés les passions de leurs personnages. Pour ce faire, il faut se décanter soi même pour livrer aux spectateurs (ou aux lecteurs) une oeuvre originale et… vraie. Procédé dangereux s’il en est un.

Le Devoir de philo
Deux fois par mois, Le Devoir lance à des passionnés de philosophie et d’histoire des idées le défi de décrypter une question d’actualité à partir des thèses d’un penseur marquant.

Quand les bonnes histoires de Trump tiennent lieu de vérité
Le penseur des communications Walter Fisher explique pourquoi des récits si loin de la vérité objective convainquent les partisans du président

Trump
Photo: Andrew Harnik, Associated Press. Donal Trump continue de promettre qu’il transformera l’Amérique pour la faire correspondre à ses récits.

Alors que Donald Trump a passé la barre des 100 jours à la tête des États-Unis, un sondage Washington Post – ABC News mené fin avril révélait qu’il est le président le moins populaire de l’histoire si tôt dans son mandat. Pourtant, ce même sondage indique aussi un fait étonnant : les Américains qui ont voté pour lui continuent à le soutenir à 94 % (contre 7 % des électeurs de Clinton), malgré ses nombreux déboires. Son style de communication, indifférent à la vérité, continue de surprendre, alors qu’il accuse les médias légitimes de produire de « fausses nouvelles », pendant qu’il relaie des articles de sites Internet douteux. Trump confond les experts qui prédisaient qu’il adopterait un ton plus « présidentiel » une fois élu.

Comment expliquer que le style communicationnel de Trump, défiant la réalité même, convainque plusieurs Américains ? En fait, les experts sont justement bien mal placés pour saisir son style, basé sur une vérité narrative plutôt que sur la rationalité scientifique dont ils sont friands. Autrement dit, Trump — comme d’autres populistes — raconte des histoires qui permettent à ses partisans de comprendre le monde en le reliant à leurs expériences, connaissances et identités.

Dès le début des années 1980, Walter Fisher, professeur de communication à la University of Southern California, amorce le « tournant narratif » dans les sciences sociales. Définissant l’humain comme « homo narrans » et comme « animal utilisateur de symboles », Fisher considère la communication humaine comme un échange d’histoires par lesquelles nous comprenons l’organisation du monde dans lequel nous vivons, au-delà de l’exactitude des affirmations qui les composent. La rationalité première est ainsi celle des histoires et du « gros bon sens ». Ceux-ci nous permettent de construire des liens de cohérence entre différents événements et de les évaluer sur la base de notre propre compréhension du monde.

 

Fidélité narrative

Une histoire paraîtra cohérente si l’enchaînement des actions qu’elle rapporte est bien construit et si les relations entre les personnages sont logiques. C’est là le critère de la cohérence narrative. Selon ce critère, une bonne histoire renfermera, par exemple, des protagonistes réunis autour d’une quête ayant pour objectif d’acquérir un objet matériel — comme de l’argent ou un partenaire amoureux — ou immatériel — comme le bonheur ou la justice. Certains, le héros et ses alliés, s’entraident en vue d’accomplir cette quête et font face à des opposants poursuivant les mêmes objets.

 

 Nous ne trouverions pas l’histoire cohérente si le héros, après s’être fait confier sa mission, l’abandonnait aussitôt sans explication, ou s’il ne rencontrait aucune opposition. Bien qu’ils puissent être combinés de façon infinie, une histoire contient néanmoins des éléments de base qui lui offrent sa cohérence et la rendent compréhensible.

 

 Nous aurons tendance à accepter une histoire comme étant vraie ou, du moins, minimalement plausible, si elle correspond à nos croyances et à notre vision du monde : c’est le critère de la fidélité narrative. Le lecteur se sent floué lorsque ce contrat est brisé, lorsque l’histoire ne s’accorde pas avec sa propre expérience ; son gros bon sens lève le drapeau rouge. La tolérance à la non-plausibilité varie selon le genre : ainsi, elle sera plus élevée dans le cas de la fiction que dans celui du travail journalistique. Les histoires des politiciens n’ont pas la licence de la fiction. Elles sont censées nous dire la vérité sur le monde qui nous entoure. Cependant, elles ne font pas référence au monde tel qu’il existe extérieurement, mais bien au monde tel que nous le comprenons déjà. Par conséquent, les récits que nous proposent les candidats et les élus ne sont pas dispensés de l’obligation de résonner avec nos croyances et notre conception du monde. C’est pour cette raison que différents groupes apprécient de manière variable les histoires de Trump.

Pour Fisher, le paradigme narratif prime la rationalité scientifique, bien que celle-ci soit basée sur la force de l’argumentation factuelle, d’où l’échec des médias à convaincre de la non-légitimité de Trump en démontrant la fausseté de ses affirmations. Les experts n’ont pas su reconnaître que les gens croient les histoires que Trump leur raconte, car elles leur permettent de relier leurs différentes expériences et inquiétudes dans un récit cohérent et plausible. Pour une partie de la population, les faits décousus des experts — « faits vérifiés », éditoriaux érudits et statistiques — ne jouissent pas de la même cohérence et ne font aucunement écho à sa réalité vécue. En créant ses propres liens et en les infusant de sa propre expérience, l’auditoire joue donc un rôle actif dans la construction de la signification des histoires.

  Cohérence et plausibilité

  La réaction de Trump au récent témoignage au Sénat de Sally Yates, ancienne procureure générale des États-Unis, exemplifie son approche narrative. Pendant que Yates décrivait aux sénateurs ses tentatives, en décembre dernier, d’avertir Trump des relations entre l’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Michael Flynn, et le gouvernement russe, Trump utilisait Twitter pour insinuer que Yates orchestrait des fuites pour répandre la « fausse nouvelle » de ses relations avec la Russie et nuire à sa légitimité comme président.

  Ce faisant, il insérait le témoignage de Yates dans une trame narrative qu’il tisse depuis longtemps : celui d’un Parti démocrate acerbe (Yates avait été nommée procureure générale sous Obama), refusant sa défaite, et cherchant à priver le peuple américain de la victoire légitime de « son » président, Trump. Cette histoire, plausible aux yeux d’électeurs déjà persuadés que Clinton et le Parti démocrate ne s’intéressent qu’aux élites, est cohérente à leurs yeux car elle adopte une structure simple, où les démocrates sont les « méchants » opposés aux intérêts du peuple et des travailleurs.

 

Trump se décrit lui-même comme celui que le peuple a mandaté pour retrouver une prospérité et une honnêteté compromises par ses adversaires hargneux, obsédés par les joutes politiques. Ainsi, les nombreux articles démontrant les conflits d’intérêts et les turpitudes morales du président républicain n’ont eu aucune prise sur ces électeurs convaincus que les grands médias jouent eux aussi le jeu des élites démocrates corrompues par la soif du pouvoir.

 

Rôle de gagnants

Les meilleurs exemples de cette structure narrative, opposant les bons Américains à leurs adversaires, se retrouvent dans les promesses de Trump de construire un mur pour empêcher l’entrée illégale de Mexicains, ou celle de suspendre l’immigration de personnes musulmanes. Ces promesses, quoique discréditées, participent à des récits déjà bien implantés aux États-Unis concernant le « vol » d’emplois par les travailleurs mexicains, ou encore le terrorisme soi-disant causé par les musulmans. Ces histoires satisfont aux deux critères de Fisher. D’une part, elles sont cohérentes puisque les protagonistes jouent leur rôle de manière constante — les Mexicains et les musulmans sont les « méchants » qui nuisent à la quête des Américains vers de bons emplois et la sécurité. D’autre part, elles sont plausibles puisqu’elles reflètent les inquiétudes de nombreux Américains, aux prises avec le chômage et une insécurité amplifiée par rapport au terrorisme.

 

Toutes les démonstrations des experts quant aux obstacles économiques et logistiques à la construction du mur, de même que les statistiques démontrant le très faible nombre de victimes américaines du terrorisme islamique par rapport à l’ensemble des morts violentes, n’ont eu aucun écho au sein de cet auditoire. Les histoires de Trump concernant les Mexicains, musulmans et autres immigrants justifient aussi une peur de l’Étranger largement partagée.

 

  En plus de leur proposer des récits donnant du sens à leurs expériences existantes, le style communicationnel de Trump offre à ses partisans un rôle actif dans leur propre histoire, celui des vainqueurs et des gardiens de la moralité. En effet, Fisher souligne que les histoires ont toujours une dimension morale, et celles de Trump rangent ses partisans du bon côté de la lutte entre le bien et le mal. Laissés pour compte par la délocalisation du secteur manufacturier et privés des moyens de s’adapter par un système d’éducation famélique, plusieurs Américains se retrouvent à vivre dans un monde qu’ils ne comprennent plus et où ils se retrouvent, donc, impuissants. Trump leur offre des récits où ils jouent de nouveau le rôle des gagnants.

 

Trump continue de promettre qu’il transformera l’Amérique — dont son système de santé — pour la faire correspondre à ses récits. Comme le dit Nietzsche, la volonté de puissance prend souvent la forme d’une volonté non pas de comprendre le monde, mais bien de changer le monde pour qu’il corresponde à notre compréhension. De même, plutôt que de leur proposer d’ajuster leurs connaissances à la nouvelle réalité sociale et économique de leur pays, Trump propose à ses partisans une politique performative : il changera le monde pour qu’il corresponde à leurs connaissances. Il leur redonne donc, pour ainsi dire, de la puissance en leur offrant une place dans des récits dont ils se sentaient exclus.


Joëlle Basque est chercheuse postdoctorale au Groupe d’étude sur la pratique de la stratégie à HEC Montréal.

Nicolas Bencherki est professeur adjoint au Département de communication de la State University of New York at Albany.

 Cet article a été publié dans Le Devoir de samedi le 3 juin 2017.