J’aimerais partager avec vous une expérience que j’ai eue à Paris en 1988. J’ai été très déçu de ma visite à Notre-Dame, car j’ai eu l’impression d’entrer dans une caverne sombre et humide, mais heureusement j’avais aussi prévu une visite à la Sainte-Chapelle qui est située dans l’ancien Palais des rois de l’île de la Cité. Nous sommes entrées par la porte de l’écurie, la grande porte au rez-de-chaussée qui, selon le dépliant, permettait aux chevaliers d’entrer dans l’édifice avec leur cheval afin de les héberger sous les voutes de pierres dorées. Pour se rendre à la chapelle, il faut emprunter un petit escalier en colimaçon conçu pour les hommes de l’époque, mais qui exige encore que tous les hommes de tous les siècles gravissent les trente-trois marches qui représentent chacune des années que le Christ a foulé la surface de la Terre. Pour franchir cette étape, l’homme moderne doit nécessairement se replier sur lui-même, car l’escalier n’a pas été conçu pour des hommes d’un mètre quatre-vingt de ce siècle. On dirait une « porte étroite » qui dans la Bible représente la difficulté d’entrer dans le royaume des cieux. C’est donc un soulagement que l’on ressent au plus profond de soi même lorsque l’on se déplie sur le plancher de la Sainte-Chapelle et c’est un ravissement mystique que de voir pour la première fois les 15 vitraux de la nef et de l’abside et surtout, en se retournant sur soi, d’admirer les pétales multicolores de la grande rose qui s’élève au-dessus de la porte de la chapelle haute. On a l’impression dans une maison translucide, là où les rayons du soleil colorés par des milliers de petite pièce de verres rebondissent sur toutes les parois, là où la lumière s’éclabousse sur les visiteurs au point où ils peuvent pressentir le passage des nuages dans la voute céleste.
Extrait de « En guise de (bis) », présentation du deuxième volume du Recueil de Dorais