Un aparté retranché

APARTÉ RETRANCHÉ DU MANUSCRIT

— AIMER JUSQU’À LA DÉCHIRURE —

Que le temps passe vite, j’ai pris pleinement conscience du sens de cette chanson en lisant le texte français plusieurs années plus tard. En 1967, elle nous arrivait en  direct de Broadway, en anglais, et nous l’avons reçu dans un contexte religieux où la chasteté était mise de l’avant comme si la dénégation de soi était la seule et unique marque du véritable amour ! Aujourd’hui, je me plais à imaginer la réaction que les religieuses et les adolescents auraient eue à l’écoute de la version française de Jacques Brel a traduite et même réécrite Brel a traduit :

To right to un-rightable wrong

To love pure and chaste from afar

To try when your arms are too weary

To reach the unreachable star

ainsi :

Aimer jusqu’à la déchirure

Aimer même trop, même mal

Tenter sans force et sans armure

D’atteindre l’impossible étoile.

La-petite-sœur-dont-je-ne-rappelle-pas-le-nom écoutait The man from the Mancha plusieurs fois par jour, c’était pour elle une prière. Ce ne pouvait être la version française où les soldats seuls et sans amour « se paient l’enfer » dans les bordels de la Mancha. Aimer d’un amour pur et chaste ou aimer jusqu’à la déchirure, c’est le monde à l’envers, voilà pourquoi ce récit vacille, que les acteurs sont ballottés de bâbord à tribord et qu’une si belle amitié sombre dans l’absurde plutôt que suivre son chemins sur le continuum de l’amour.

Nous nous sommes aimés jusqu’à la déchirure, car notre amour était impossible.

Je le sais aujourd’hui, mais à l’époque…

Publié par

Gaston Tremblay

Poète, romancier, essayiste, éditeur Gaston Tremblay a aussi été administrateur d’organismes artistiques.

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