Dimanche 28 avril 2013
Tard la nuit ? Tôt le matin ?
L’écran de mon ordi se reflète sur les parois du dôme panoramique, mais tout est noir sauf mon visage d’insomniaque qui luit dans la nuit. J’ai l’impression d’être au contrôle de l’avion de Saint-Exupéry, au loin sous les étoiles les maisons des habitants scintillent … Impossible de reconnaître quoi que ce soit. On ne peut les imaginer tels qu’ils sont, ce qu’ils désirent, ce qu’ils ont…
Hier, les préposés de Via Rail nous ont accueillis dans le salon Panorama d’Union Station. Je suis toujours un peu ému quand je traverse la grande salle de cette gare, majestueuse, conçue et construite à une époque où l’on entretenait encore un mythe au sujet de la grandeur de ce pays. En architecture comme en poésie. À chaque visite, je m’arrête pour relire les noms des arrêts, des villes qui ponctuent ce long chemin de fer qui traverse l’Amérique.
L’Alberta nous attend, on m’assure que l’on ne passera pas dans la contrée des sables bitumineux, notre honte nationale, notre viol collectif. Comment peu voler, voire tuer nos enfants pour quelques dollars? Dans un sens, Judas est l’archétype du parfait conservateur. Harper me rappelle à la mémoire la violence de la toile Saturne dévorant son fils, de Francis Goya. Nous voulions être les gardiens de la paix, il a fait de nous les « go for this, go for that » des Américains.
Dans le noir de la nuit, on devine l’intimité des gens, car les lumières des maisons sont d’un jaune chaleureux et les luminaires publics d’un blanc bleu et froid. Tant d’amour, tant d’amitié dans tant de foyers. Le vert du dôme me renvoie mon image, on est droit de se demander si ce n’est pas cette réflexion qui est la réalité, car notre appréhension est subjective. On se sent beaucoup plus que l’on se voit, faire l’amour c’est d’avoir le privilège d’examiner quelqu’un de tout près, de poser son oreille sur sa poitrine où son abdomen pour écouter son corps vivre, pour entendre son corps jouir. La vérité est dans la jouissance.
Capréol, à la barre du jour…
C’est le grand ciel bleu qui se lève, dans des teintes de rose, de mauve parsemé de nuages de pervenche et d’encre de Chine. Enfin, Capréol avec sa gare de triage plus grande que le village est le bout de mon monde.
À partir d’ici, c’est la terra incognita.
Je présume que tu dois être arrivé à destination. Un journal de voyage intéressant. Au plaisir.
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Réflexion intelligente, touchante, informative bien celle du poète/essayist/professeur/être-humain qui est Gaston Tremblay Sheila
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