Mémoire livresque (50 ans plus tard)

Le Grand Livre, volume 34,
le 11 septembre 2018

Perdu dans le temps, entre nuit et jour, ma conscience passe lentement du sommeil et l’éveil. Voilà que le vieillard que je suis devenu flotte au-dessus de son lit, pendant que la première plage musicale, « ParceOfficium mi domine », du disque Officium (Jan Gabarek, The Hilliard Ensemble) me berce dans ses bras grégoriens, m’indique la direction dans laquelle je dois nager pour retrouver ma pleine conscience. Pourtant, je préférerais rester ici, entre loup et chien, là où l’on n’a pas honte de ce que l’on ressent, de ce que l’on vit, de ce que l’on désire.

J’écris dans le temps qui se plie au passage d’un astre, quelque part entre les années 70 et aujourd’hui, le revenant de Nixon et l’esprit égaré de Trump se croisent dans les corridors de la Maison-Blanche. Pour ma part, devant cette page virtuelle, Fred, je sens le besoin de te dire que ta lettre au rédacteur n’est pas passée dans le vide. Je ne n’avais que 20 ans, je croyais être en amour pour la première fois — But, I was Just in Lust — c’est là que ton cri féministe et viscéral est venu me chercher, là où je ne pouvais pas parler, de peur d’offenser les gars. J’aurais voulu de répondre… Fred, te dire que tu étais belle, dans ton corps comme dans ton esprit, mais le petit macho que j’étais could not utter a single word.

Mes mots de silence flottent au-dessus de la table de mise en page de verre aussi opaque que translucide, là où les mains virtuelles des étudiants collaient tes mots dans la cire chaude étendue sur le carton de montage de la page éditoriale. Tes mots qui à l’époque m’ont tellement perturbés — tes mots m’interpellent toujours — mais j’ai alors préféré rire entre les marges de la réponse cinglante du rédacteur. C’est la loi du moindre effort qui s’est imposée.

Hé, Fred, à l’époque les femmes n’avaient pas le droit de déranger l’ordre établi. Mais cela ne t’a pas empêché de partager ta vision d’un Nouveau Monde.

Pour toi, se taire aurait été plus facile, ton message a été un coup de couteau dans la chair de ma réalité et de notre existence. Cette nuit, pour quelques éclisses de Time Warp, 1970 est devenu 2018, le vieil homme que je suis a finalement compris que ta lettre féministe s’ouvrait sur le futur, sur la page du présent sur laquelle j’écris aujourd’hui, tandis que la réponse du rédacteur était et est restée accrochée dans les oubliettes du passé antérieur… heureusement.

Parce mi domine, pardonnez-moi Seigneur, car j’ai péché comme tous les autres hommes de ma génération. En ce moment de l’Histoire où le machisme des idiots à la Trump-Ford-Putin domine l’Amérique, il est de plus en plus important de le dénoncer, de peur que l’on retourne à nos anciennes manières.

Sois vigilente Fred, mais que dis-je, tu l’as toujours été.

Un apologue utile

La_parole_de_SocrateLes trois tamis

Un jour, un homme vint trouver le philosophe Socrate et lui dit : – Ecoute, Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.

– Je t’arrête tout de suite, répondit Socrate. As-tu songé à passer ce que tu as à me dire au travers des trois tamis ? Et comme l’homme le regardait rempli d’étonnement, l’homme sage ajouta : – Oui, avant de parler, il faut toujours passer ce qu’on a à dire au travers des trois tamis. Voyons un peu ! Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié si tout ce que tu veux me raconter est vrai ? – Non, je l’ai entendu raconter et… – Bien, bien.

Mais je suppose que tu l’as au moins fait passer au travers du deuxième tamis, qui est celui de la bonté. Ce que tu désires me raconter, si ce n’est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ? L’homme hésita puis répondit : – Non, ce n’est malheureusement pas quelque chose de bon, au contraire…

– Hum ! dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire… – Utile ? Pas précisément…

– Alors, n’en parlons plus ! dit Socrate en souriant. Si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier…

Apologue∗ du philosophe grec Socrate (Ve-IVe siècle avant notre ère)

(Un apologue est une courte fable avec une morale)

L’aller-retour

Le Grand livre, volume 34,
le 17 juillet 2018

BeamEn général, j’aime beaucoup (même trop) me prélasser dans mes souvenirs. Ce qui explique ma tendance à divaguer, à faire, sans crier gare, des retours en arrière bien sentis. J’ai une bonne mémoire, une 20/20… si vous me pardonnez la métaphore chargée.
Il y a quelques instants, j’ai entendu une version jazzée de Dimanche après-midi. À peine audible, les paroles de cette tune était à peine perceptible, son évanescence était aussi mystérieuse que celle d’un revenant. Si je l’ai reconnue, c’est de l’avoir tellement écoutée. Le coupable, mon IPOD… qui dans ma chambre continue d’exécuter la commande de lecture que je lui ai lancée hier soir.
Cela arrive, cet automate est immensément stupide, ou si vous le permettez, c’est un véritable idiot. Il ne sait pas que le soleil s’est levé, surtout il ne sait pas que j’en suis rendu à ma session d’écriture de l’aprèm, dix heures après le début de ma journée.
Dans ce genre d’expérience, je garde toujours un pied ancré dans la réalité et l’autre déchainé dans une version imaginée et virtuelle d’un moment intense. Pour y accéder, il faut se laisser aller complètement dans la poésie, il n’y a alors que la musique des  mots.

« Un mince fil vivant
[qui] serpente entre
le mot et le sens
entre la ligne et le signe »

ce poème de Denis St-Jules nous empêche de divaguer indéfiniment dans l’au-delà… dans l’absence de conscience.
Pour moi, ce poème et cette chanson, 50 ans plus tard, deviennent une métonymie, une expérience essentielle qui me permet de revisiter l’événement original. Pour ce faire, l’intensité du moment premier doit passer directement au travers de mon corps pour m’atteindre dans ce que j’ai de plus intime. Voilà où et pourquoi elle est essentielle…
J’ai passé plusieurs dimanches après-midi avec Paul-André sur la galerie de la maison de ses parents, on entendait la chorale qui chantait dans l’église. Le restaurant des adolescents, St-Amand’s, était fermé comme tous les commerces de notre petit village. Il n’y avait rien à faire sauf chiquer la guenille, sauf se féliciter d’avoir la chance d’être assis à l’abri avec un ami, de prendre le temps de taquiner une guitare, d’écrire une chanson et d’écouter la musique de la pluie.
Depuis toujours, il y avait une grande flaque d’eau devant la maison au lieu d’un trottoir. En 1960 et quelques, c’était comme ça, on n’avait même pas l’idée que notre trou d’eau était dû à l’absence d’un trottoir, c’était plutôt une invitation à aller danser dans l’eau… du moins pour ceux qui étaient assez fous pour le faire.
Ce n’est pas mon ami, mes amis ou ce village paisible qui me manquent, c’est tout simplement le plaisir d’avoir 18 ans… Qu’il est bon de s’oublier pour quelques instants, de voyager dans notre propre corps comme on voyage dans les paysages du Nouvel-Ontario. Lacs, ruisseaux, forêts déchainées, le sang qui bouille dans mes vielles veines comme il le faisait autrefois, quand nous avions 18 ans… mon corps et moi!
Beam me down Scotty.

L’école buissonnière

Un parc, une montagne, un étang sans castors
Un dimanche après-midi

Nature, août 2012
Photo : André Tremblay

À l’ombre, sous les grands arbres
Un Papa
Berce un enfant dans ses bras
Il marche à petits pas
Une petite jambe qui pend
Il marche et il chante doucement son regard et fixé sur les yeux du petit
Leurs regards sont soudés
Un dans son amour, l’autre dans sa confiance
Ainsi se repose l’amour en ce dimanche après-midi

Une petite fille, dix ans
Peut-être a-t-elle onze chandelles
Les suis de près
Quelques pas en arrière, pour qu’il ne la voie pas
Mais, assez proche pour qu’elle puisse tout voir
Elle berce un enfant imaginaire
Dans ses petits bras
Elle se balance comme lui
Elle danse comme le papa
Elle chante la même chanson

Pour un moment
J’ai cru voir une petite jambe imaginaire
Se balancer dans l’air

America the ugly

THE HORROR OF IT ALL !!!

TTrumphose who want to hide what is going on in the United States are trying to deflect the public outrage about the plight of the children who were separated from their parents towards Time Magazine who used the picture of this child to illustrate the anguish of all these infants. Trump is blaming the whistle blower instead of the child molesters.

I understand that this young girl was not separated from her mother, they both got away. The father of the girl is proud that the image of his daughter was used to illustrate the plight of the 2 500 children who were unlawfully separated from their parents. He is a strong man, a compassionate man who understands what is going on, that what goes around comes around, and that denouncing child abusers is his role, in his family and in public.

The American government is now saying that it will take months to reunite children with their grief-stricken parents. The Trump administration is acting in bad faith, this is the strongest and the richest country in the world. Obama was able to wrestle the USA out of a major recession. Trump can and should reunite these children within a week, but to him being strong is doing bad things. He is not strong, he needs to hide what he is doing, he does not have the what-you-might-call-it to confront those who oppose him, he is a weakling hiding behind the skirts of his mother, or in the present context behind the lady justice, to avoid being called out.

In this modern world it is often difficult to define the role a man. Virility has become an abstract concept, but we know the role of parents is to protect the children, not only their children but also the children of the community. A real man needs no instruction on how to treat a pregnant woman: to offer his seat in a bus; to wait until she is seated, to start a meeting; to walk on the street side of a sidewalk; and finally to recognize that a woman accompanying children in a public must be given the right of way.

When a desperate child knock’s on a door, and real man necessarily takes it in and cares for it as if it was his own. The role of the ultimate male, the president of the United States, is to protect the children of his country and the children of the families who ask for asylum. This is a self-evident truth, and that is why it is included in the American constitution. That law is not a sign of weakness but rather an expression of strength, by strong independent men who knew what their role was in a society where women stayed at home with the children. Society has changed, the truth has not! The responsibility of drafting and voting laws is now shared by both women and men, the responsibility of caring for the young is also a shared responsibility.

It is also an expression of human decency.

Maman chantait

Oui, notre mère chantait, je dirais même qu’elle était un recueil de chansons
Une chanson gaie pour célébrer la vie,
Pour éloigner les pensées noires.
Une chanson à répondre pour unir la famille,
Pour abolir la solitude.
Une chanson de Noël, pour susciter la générosité
Pour combattre la misère des autres.
Une chanson drôle, pour rire de tout, des bombes et de soi-même
Pour chasser le chagrin et la morosité.
Une chanson d’entrain, pour se donner du cœur au travail
Pour combattre l’ennui de l’oisiveté.
Une chanson pieuse, pour s’élever au-dessus de l’horizon
Pour combattre l’angoisse de notre conscience humaine.

Noel avec les Tremblay-Levesque
Pendant que les filles chantaient le refrain et que les hommes buvaient leur bière, Maman se rappelait à la mémoire les paroles du prochain couplet.

Topo-Gigio, la réalité et une peinture de Goya

Ce soir, jour de la Saint-Valentin, j’ai délaissé les ondes de l’American-Live-TV pour regarder Crazy-Heart, un film de musique western.
Pour moi les États étaient les pays de Walt Disney, de la cabane du Shaggy Dog, de la maison de billes de Daniel Boone, de Rintintin et de Lassie. C’était aussi la section de journal des bandes dessinées de Mickey Mouse, de Donald etTopo ses trois petits neveux, des programmes de Lucille Ball, d’Ed Sullivan et de son ami Topo Gigio.
C’était le pays des oranges à l’époque où les oranges étaient rares en hiver. C’était un pays magique, celui d’Elvis Presley qui chantait Crying in the Chapel en noir et blanc.

« America the beautiful.
The land of the free and the brave »

Et le paradis n’est plus, c’est le déclin de l’empire américain dans le grand colisée américain, les nouvelles de six heures, en direct et ensanglantées. La place publique  dans ce qui est maintenant le pays des adultes qui tuent leurs propres enfants pour vendre quelques fusils de plus, dans celui des politiciens qui se font graisser la patte par la NRA afin de se payer des publicités publicitaires aussi violentes que fausses. In order to win no matter the price.
Une maman qui s’en allait prendre ses enfants à l’école s’est arrêtée pour parler à une journaliste, elle n’arrivait pas à dire quoi que ce soit de cohérent, la situation étant pour elle tout à fait surréelle. Meanwhile back at the television ranch, Phillip Mud, un ancien agent FBI, éclate en sanglot, est incapable de continuer à commenter les nouvelles! « I cannot do this anymore », s’écrie-t-il en faisant allusion à toutes les tueries depuis quelques années.
CNN tente d’élucider le pourquoi, la raison profonde de toutes ces attaques en parlant à des psys, à des prêtres, à des témoins, à des victimes. Ils ne veulent pas comprendre que ce ne sont pas les individus qui sont malades, que c’est plutôt le pays tout entier. Rappeler vous lu film Apocalypse Now, c’est la meute sanguinaire qui était terrifiante.
J’ai gardé des souvenirs forts de mon premier voyage en Espagne. Le plus frappant pour moi fut les deux salles dédiées aux œuvres de Francisco Goya dans le musée Musée  Prado. Le tableau de Vénus qui mangent un de ses fils m’a littéralement renversé, et même 30 ans plus tard, il m’apparait comme la parfaite métonymie de l’Amérique de Donald Trump.

150px-Francisco_de_Goya,_Saturno_devorando_a_su_hijo_(1819-1823)

Gaston en enfer

Man in the Machine

Je me targue d’astevevoir lu tout l’œuvre de Jean Éthier-Blais, qui fréquentait mes parents quand ils étaient adolescents dans le village de Sturgeon Falls, en Ontario. C’est une œuvre magistrale, dont un passage reste gravé dans ma mémoire.
« J’aime regarder par la fenêtre. » […] Est-ce, dans une fenêtre, le paysage qui m’attire ou bien la vitre ? Est-ce par-delà le verre, mon image qui, soudain, lorsque je bouge, m’apparaît ? […] Et lorsque je j’écris que « J’aime regarder par la fenêtre », ne veux-je pas dire que c’est en moi que j’aime plonger les yeux du rêveur ? »

J’ai vu, sur Netflix, un film documentaire intitulé, Steve Jobs : The Man in the Machine. Deux longues heures : « longues », car il y a des passages difficiles même pour une personne qui n’aime pas cet homme et encore moins ses machines. Soyons clairs ! Nous ne pouvons pas faire l’oraison funèbre de Jobs sans reconnaître les immenses talents, la créativité exubérante, de ce visionnaire et sans admirer la beauté, l’ampleur et l’importance de son œuvre.
Qu’il fût un homme difficile à vivre est un secret de polichinelle. Le mauvais traitement qu’il a réservé à sa première compagne lorsqu’il a appris qu’elle était enceinte, celui qu’il a imposé à sa fille Lisa qu’il ne voulait pas reconnaître, le refus de reconnaître à leur juste valeur les contributions des cofondateurs de Apple en témoignent. Ce document passe rapidement sur ses agissements bien connus afin de mieux soulignés l’ampleur de ses comportements organisationnels aberrants : son refus catégorique qu’Apple fasse des contributions philanthropiques, sa participation à des conditions de travail qui s’apparentent à l’esclavage en Chine, son refus de reconnaître la responsabilité de Apple pendant et après une vague de suicides dans les manufactures de ses sous-traitants chinois, le détournement systématique des profits de Apple vers deux petites entreprises bidon irlandaises qui n’ont presque pas d’employés, une poursuite enragée contre un journaliste qui a trouvé un prototype d’un nouveau téléphone Apple dans un bar, des contrats de travail manichéens qui interdisaient à ses employés de chercher et d’accepter du travail ailleurs, la collusion qu’il a dirigée dans Silicon Valley pour mieux contrôler ses employés. Et à la fin du film, le cinéaste suggère que plus son cancer avançait, plus il s’acharnait contre ceux qui s’opposaient à lui.
Le rideau tombe sur ce film lorsqu’une scène nous fait voir le visage émacié de Jobs réfléchi sur un écran d’IPAD. Une image qui se transforme pour nous laisser apercevoir celui du narrateur qui dit premièrement « Qu’est-ce que cette machine nous dit au sujet de l’homme qui est dedans » pour ensuite nous donner le coup de grâce de son film « Qu’est-ce que ses machines nous disent au sujet des consommateurs qui les achètent ».
Le coup est bien porté, car la mission que le cinéaste s’est donnée est d’expliquer la vague d’amour qui a déferlé sur le monde à l’annonce de la mort de Steve Jobs, car le succès de Jobs est dû à la popularité de ses produits malgré les comportements de leur créateur.
L’œuvre de Jobs est magistrale, mais le prix à payer pour tous ses produits jetables est très élevé, pour ceux qui l’ont connu et pour ceux qui l’ont appuyé.

Révision de la Loi sur le droit d’auteur : n’oublions pas les créateurs !

Communiqué pour publication immédiate
Montréal, 18 décembre 2017

L’UNEQ accueille favorablement les intentions du législateur dans la révision de la Loi sur le droit d’auteur, annoncées le 14 décembre dernier par les ministres Mélanie Joly (Patrimoine canadien) et Navdeep Bains (Innovation, Sciences et Développement économique Canada).Les deux ministres ont fait savoir que la loi sera revue en profond

Maison-des-écrivains
La maison des écrivains : au square Saint-Louis à Montréal

Les deux ministres ont fait savoir que le loi sera revue en profondeur et qu’elle redonnera du poids aux droits des créateurs : la législation devra « habiliter les créateurs à tirer profit de leur travail et de leurs investissements », « permettre aux créateurs de recevoir une rémunération équitable et transparente et aux utilisateurs de bénéficier d’un domaine public ». Nous ne pouvons qu’être en accord avec ces intentions et espérer qu’elles seront suivies de résultats concrets.
Le porte-parole de la ministre Mélanie Joly, Simon Ross, a d’ailleurs déclaré : « On a souvent dit qu’il sera important de remettre les créateurs au centre de la loi », ajoutant que « la réforme de 2012 n’était pas équitable pour les artistes ». Nous sommes d’accord avec cette déclaration et croyons que ce souci à l’égard des créateurs est devenu fondamental pour assurer la survie de notre modèle de création artistique.
L’UNEQ note cependant que la révision de la loi a été confiée au Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes. « Il est primordial que le ministère du Patrimoine canadien soit intimement engagé dans le processus pour que la révision de la loi tienne compte des besoins des créateurs et de l’industrie culturelle », estime Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ.
Rappelons qu’en 2012, lorsque le gouvernement fédéral a modifié la Loi sur le droit d’auteur, il a accru le nombre d’exceptions qui permettent d’utiliser une œuvre protégée ou une partie de celle-ci sans le consentement du titulaire de droits et sans rémunération.
En conclusion, si nous estimons heureuse l’annonce des deux ministres fédéraux, nous rappelons notre volonté de prendre part activement à ces travaux de révision. Il s’agit de déterminer les valeurs fondamentales que le Canada veut mettre de l’avant pour les années à venir, avec des répercussions importantes pour les créateurs et l’ensemble de la société.
À propos de l’UNEQ
Créée en 1977, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois regroupe plus de 1 500 poètes, romanciers, auteurs dramatiques, essayistes, auteurs pour jeunes publics et auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques. L’UNEQ travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.
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Source : Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)
Contact : Jean-Sébastien Marsan, directeur des communications, 514 849-8540 poste 225 | jsmarsan@uneq.qc.ca

 

PEN International s’inquiète

Voici donc un communiqué de presse de PEN International, dont je suis membre, que j’ai traduit en Français pour PEN Québec.

Gaston

PEN International s’inquiète de la détérioration du climat de liberté d’expression en Catalogne

85755_camera-television-tv3-catalogne-chaine-publique23 novembre 2017 — PEN International est extrêmement préoccupé par les restrictions qui ont été imposées à la liberté d’expression et d’opinion en Catalogne pendant la campagne référendaire et après le référendum sur l’indépendance de la Catalogne tenu le premier octobre 2017. Alors que l’élection régionale du 21 décembre approche en Catalogne, PEN International est particulièrement alarmé par les rapports sans précédent de l’augmentation du niveau de harcèlement et de violence contre les journalistes.

« Pour qu’une élection soit libre et juste, il est vital et évident que les journalistes devraient être capable de travailler sans harcèlement, sans intimidations et interférences indues, pour qu’ils puissent agir librement, parler à quiconque ils veulent et écrire ce qu’ils désirent. Les médias ont un rôle légitime dans une démocratie : celui de chien de garde, celui de créer une plateforme de diffusion pour les campagnes, celui d’être un forum pour les débats, celui d’éduquer le public, pour que le peuple puisse participer pleinement et de façon significative dans l’élection. À ce jour, la réaction du gouvernement espagnol à cette crise politique est déconcertante, et contraire au genre de message que l’Espagne — et les autres pays européens — transmet aux pays qui sont aux prises avec une élection hautement contestée et partisane. Selon Salil Tripathi, président du Comité de la défense des écrivains emprisonnés de PEN International, « La démocratie commence à la maison ».

Suite à plusieurs rapports crédibles et bien documentés de l’emploi de force excessive le jour de l’élection par les agences de la paix — notons que de tels rapports exigent des enquêtes approfondies et impartiales menées par des experts indépendants — PEN International souligne encore une fois que le climat favorable à la liberté de presse en Catalogne se désagrège de jour en jour. La polarisation du débat sur l’indépendance de la Catalogne a un impact néfaste sur la liberté d’expression des médias ; plus particulièrement, il y a un manque de reportages équilibrés dans les deux camps, ainsi que dans les services publics d’information.

Des exemples de la détérioration de la liberté d’expression incluent :
• Des cas de harcèlement des journalistes dans les médias sociaux et même, dans certains cas, des cas de violence physique. Les deux camps, aussi bien celui étant en faveur que celui étant contre l’indépendance de la Catalogne, sont impliqués dans ces méfaits qui sont perpétrés avec l’aide des actants publics ou privés.
• Les autorités judiciaires poursuivent l’éditeur du magazine satirique El Jueves ainsi que le comédien, Eduard Biosca, pour des farces qu’ils auraient publiées dans le magazine ou proférées à la radio au sujet des policiers espagnols.

• Des enseignants de trois écoles de la ville La Seu d’Urgell sont l’objet d’une enquête pour avoir supposément fait en classe la promotion de discours haineux lors des débats politiques au sujet du référendum et de l’oppression systématique orchestrée par la police.
• Selon un reportage, un instituteur qui a été arrêté pour quelques moments est toujours le sujet d’une enquête pour avoir présumément incité des gens à la haine et critiqué la violence de la police dans les médias sociaux.

PEN International a déjà exprimé sa préoccupation en ce qui concerne l’utilisation des mesures judiciaires pour étouffer les débats démocratiques en Catalogne et l’utilisation, dans certains cas, de l’emprisonnement avant procès criminel pour l’expression non violente d’opinions politiques dissidentes. Entre autres, cela inclut des cas bien en vue comme les actes d’accusation contre des sécessionnistes bien connus comme Jordi Sànchez et Jordi Cuixart pour rébellion et sédition, ainsi que des accusations semblables contre plusieurs chefs de file politique et des vingtaines de politiciens locaux, des accusations incluant la désobéissance criminelle, la prévarication et le mauvais emploi des fonds publics.

Selon Marjan Strojan, président du Comité des écrivains pour la paix de PEN International « Une élection démocratique est impossible quand les gouvernements entravent et restreignent la liberté d’expression pendant une campagne électorale. ». Il a ajouté que « Les autorités espagnoles doivent faire preuve de retenue et accepter que le discours séparatiste contribue au pluralisme de la société espagnole et qu’il soit toléré dans une société démocratique tant qu’il n’incite personne à la violence. »

PEN International souligne que la liberté d’expression sans encombre, ainsi qu’une presse et des médias libres sont deux piliers importants d’une société démocratique. Dans le contexte de la campagne pour les élections régionales qui commencera le 6 décembre 2017, nous recommandons que les autorités espagnoles et catalanes :
• Prennent tous les moyens nécessaires pour s’assurer que les élections soient libres et juste, ce qui inclut en particulier la liberté de la presse et des médias ;
o Qu’elles s’assurent que les journalistes puissent faire le travail sans interférences indues ; et,
o Qu’elles garantissent l’accès aux médias et assurent une couverture et un traitement égal à tous les partis politiques par les services d’information publics ;
• Qu’elles s’abstiennent d’utiliser l’appareil judiciaire comme outil de suppression de la liberté d’opinion, d’expression et de débats ; et,
• Qu’elles prennent toutes les mesures nécessaires afin d’engendrer un climat favorable à l’expression pacifique de l’opinion politique du peuple catalan, incluant celle de l’autodétermination.

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