Le port du masque, une expression de la fraternité française !
Plusieurs opposants au port du masque se défendent en suggérant que les consignes sanitaires de l’État soient des empiètements de la majorité sur les libertés de la minorité et plus particulièrement sur celle des individus. Cela est peut-être vrai aux États-Unis (j’en doute, comme nous le verrons), mais dans la francophonie les choses sont tout autres.
Au Québec, « On se souvient », un concept que j’ai eu souvent à expliquer a des amis français en visite. Comment peut-on se souvenir, être de nostalgique pour la France de l’Ancien Régime où il y a eu autant de despotes que de rois ?
La France a eu ces révolutions sanglantes, nous avons eu notre révolution tranquille… à l’anglaise. Et les Francos-Ontariens ont eu leur révolution sereine. En Amérique, notre « nationalisme » gaulois s’est mué en solidarité, pour mieux s’opposer à « l’autre ». La minorité propose, la majorité dispose, la solidarité est la seule proposition qui puisse assurer la survie des minorités.
En France, les révolutionnaires ont pu faire table rase, ensemble ils se sont donné un nouveau crédo, un syllogisme de mots unaires : Liberté, Égalité, Fraternité. Les majuscules me semblent essentielles, comme dans les cas du « We the People » dans le préambule de la déclaration d’indépendance américaine. Malheureusement, cette déclaration ne contient que des variantes des deux derniers mots ; la première prémisse, la liberté ayant été reléguée aux oubliettes de l’esclavage.
Ici, les prémisses s’opposent. Oui. Je suis absolument libre, mais mon voisin l’est également. Si toutes les personnes sont égales, elles ont, en liberté, les mêmes droits et, fraternellement les mêmes devoirs. Donc, la liberté de l’un est contiguë à celle des autres. Pour bien réconcilier ces deux prémisses lunaires et absolues, il doit y avoir une conclusion logique et organique, et la fraternité est nécessairement vivante et, de surcroit, inscrite dans la chair des individus.
Non, le port du masque n’attaque pas la liberté individuelle. Bien au contraire ce geste l’étaie, car la liberté s’exerce en communauté. Le port du masque est une main tendue, c’est un geste bienveillant envers son voisin. Cela est d’autant plus important au cœur d’une pandémie mortelle, là où la santé et même la survie de tout un chacun sont interdépendantes.
Unaire : Selon le Larousse, adjectif. « Se dit d’un élément logique qui ne dispose que d’une place possible, qui ne peut avoir qu’un seul argument. »
Ce soir, jour de la Saint-Valentin, j’ai délaissé les ondes de l’American-Live-TV pour regarder Crazy-Heart, un film de musique western.
Pour moi les États étaient les pays de Walt Disney, de la cabane du Shaggy Dog, de la maison de billes de Daniel Boone, de Rintintin et de Lassie. C’était aussi la section de journal des bandes dessinées de Mickey Mouse, de Donald et ses trois petits neveux, des programmes de Lucille Ball, d’Ed Sullivan et de son ami Topo Gigio.
C’était le pays des oranges à l’époque où les oranges étaient rares en hiver. C’était un pays magique, celui d’Elvis Presley qui chantait Crying in the Chapel en noir et blanc.
« America the beautiful.
The land of the free and the brave »
Et le paradis n’est plus, c’est le déclin de l’empire américain dans le grand colisée américain, les nouvelles de six heures, en direct et ensanglantées…
Voici un hyperlien vers un entretien que j’ai eu avec CBON, Radio Canada dans le Grand Sudbury, au sujet des évènements d’octobre de 1970 et de l’écriture de mon deuxième Grand Livre.
J’ai découvert la deuxième personne du singulier en partageant mon journal intime avec mon ami Paul-André. Nous avons découvert le pluriel de la troisième personne en ouvrant un espace commun d’écriture, notre Grand Livre ! Ainsi nous avons lancé nos carrières artistiques, lui dans les arts de la scène et moi en littérature.
À cette époque, tout était à faire dans le Nouvel-Ontario. Dans le cadre de la coopérative des Artistes du Nouvel-Ontario, nous avons construit de toutes pièces un théâtre, une maison d’édition qui perdurent sur la scène régionale et nationale. Le grand livre original était un pacte d’amitié entre deux adolescents, les œuvres de la coopérative CANO furent une amicale de jeunes artistes.
En 1988, j’ai décidé de poursuivre ma carrière sur la scène nationale. Paradoxalement, c’est à Montréal que j’ai découvert et étudié l’œuvre de Jean Éthier-Blais, un auteur de mon village natal. Ce qui a retenu mon attention c’est qu’à la fin de sa vie Jean Éthier-Blais rentre « au pays » en écrivant trois romans qui se déploient dans le Nouvel-Ontario. C’est ainsi qu’il tranche le nœud de son exil. Son retour aux sources correspondait à l’expérience que je vivais après la publication de mon troisième roman. C’est un peu comme si l’exil de Jean-Éthier-Blais me confirmait dans mes propres déplacements littéraires. « Le lieu de l’exil n’est pas celui qui vous est échu. C’est celui que vous avez quitté. […] L’homme qui, arraché à ses objets familiers, descend dans son cœur et y trouve une force à lui inconnue a vaincu l’exil. » Et il ajoute « Nous revenons toujours à la même question : qui suis-je ? »
Cette descente au fond de moi-même m’a incité à relancer l’écriture de Notre Grand Livre, celui qui est au cœur de ma trajectoire artistique, celui qui a été mon lieu de naissance intellectuelle, la porte par laquelle je suis entré en littérature. Il s’en dégage toujours une pulsion organique, poétique et personnelle qui anime ma démarche littéraire.
Le volume un, publié en 2012, est la continuité de mes trois premiers romans : Souvenirs de Daniel (1995), Le Nickel Strange (2000) et Le langage des chiens en 2002. C’est aussi un retour à la case première, au Grand Livre des deux jeunes qui écrivaient, à tour de rôle, des entrées dans leur journal personnel de 1967. Le narrateur, le survivant d’une tragédie, est aussi l’écrivain de la trame narrative. Il se permet d’écrire dans le présent de l’écriture des apartés où il partage avec le lecteur ses opinions au sujet de la trame narrative (1967-1968), à propos du suicide de Paul-André (1978), au sujet de ses lectures et du métier d’écriture.
Ce qui semble être un roman polyphonique n’est en fait qu’une seule voix narrative qui se déplace d’un point d’élocution à l’autre aussi bien que d’une époque à l’autre. Le roman a connu un certain succès d’estime. Il fut le premier roman abordé par le jury lors d’un entretien littéraire au Salon du livre de Toronto au sujet des dix meilleurs romans de l’Ontario français, https://www.youtube.com/watch?v=FDRCTB_2IRo.
Ce que le lecteur pressent dans le premier volume advient dans le deuxième volume du Grand Livre : le Canada français traditionnel éclate, ses institutions culturelles se recentrent sur le Québec et les francophones des régions minoritaires sont laissés à eux-mêmes. Dans « Le rideau de scène », le lecteur retrouve les deux mêmes protagonistes ; mais, leur journal intime s’est déplacé sur la place publique, sur les planches de la Troupe universitaire et dans les pages du journal des étudiants de l’Université Laurentienne.
Dans les dernières pages du deuxième volume (2021), un groupe de comédiens de la Troupe se rassemblent pour fonder le Théâtre du Nouvel-Ontario et la revue littéraire Réaction qui engendrera les éditions Prise de parole en 1973. Ici, le rêve débouche sur la réalité, la fiction débouche sur des projets collectifs ! Les deux protagonistes redoublent d’ardeur leurs projets deviennent des outils de rupture avec le passé, des chapelles de création, des badges d’identification et des lieux de rassemblements artistiques.
Le troisième volume (2023?) est la suite narrative des deux premiers tomes : les deux jeunes hommes qui s’éloignent de leur paroisse, de leur alma mater ; comme il se doit, ils s’investissent dans leurs projets qui se déploient dans le réel du Nouvel-Ontario, des organes de communications qui désormais leur permettront de participer en direct à la prise de parole des francophones d’Amérique, celle qui se déploie au Québec depuis quelques décennies.
Cette autofiction sera le troisième élément du paradigme qu’est mon approche à l’écriture. Il y aura une quarantaine de chapitres basés sur les évènements historiques, une quinzaine d’apartés où l’auteur commentera les évènements importants du passé et du présent de l’écriture, plusieurs entrées du journal intime de l’auteur qui se déploie en parallèle avec la trame narrative des années soixante-dix et dans le présent de l’écriture sur le blogue de l’écrivain, et enfin des lettres, des articles journaux, des poèmes, des chansons de la période.
Au Canada, plus particulièrement au Québec, le docteur Arruda parle d’un relâchement de notre discipline solidaire.
Il n’est pas nécessaire d’être médecin pour faire ce constat.
Une course à l’épicerie IGA suffit.
Il y a de moins en moins de gens qui portent le masque.
Le docteur Arruda parle des conséquences, il a raison de nous avertir.
Les États-Unis sont en train de perdre le contrôle de la pandémie, 130 000 morts.
À cause d’un manque de discipline, mais pas celle de la population, mais plutôt celle du gouvernement Trump.
Rendre les masques obligatoires dans les transports en commun et dire du même souffle qu’il n’y aura aucune conséquence à le faire est contreproductif.
Cela donne l’impression aux gens qu’ils ont le DROIT de faire n’importe quoi.
Le gérant du IGA de mon quartier à peur d’être poursuivi, il laisse entrer tout le monde et blâme le gouvernement de ne pas être suffisamment clair.
Nous avons réussi à réduire les effets de la pandémie, pour le moment…
Nous avons collectivement identifié les services essentiels, il faut maintenant imposer le port du masque dans tous les services essentiels.
Nous avons tous le droit de traverser une intersection sans être écrasés par un chauffard.
Nous avons tous le droit d’aller à la pharmacie, à la quincaillerie, à l’épicerie, à l’hôpital sans être infectés.
C’est la responsabilité du gouvernement protéger les droits de tout un chacun.
Dans mon quartier, ce sont les « sans soucis » qui ont le haut du pavé.
C’est au gouvernement de prescrire les bonnes actions et de proscrire les fausses libertés.
C’est le temps d’agir.
Postscriptum : En regardant Fareed Zakaria, j’ai été amené à faire la différence entre la démocratie et l’autocratie, dans le contexte de la pandémie. Pour moi la différence entre l’essentiel et non essentiel est claire, mon critère de différenciation est ce qui est nécessaire à la survie d’un individu, surtout dans le contexte des grandes villes, les lieux de prédilection du Virus. On a besoin de manger, de se loger, d’avoir accès à des services médicaux, à des sources d’information d’information, et les gouvernements ont tenu compte du besoin de relaxer: donc le câble, la société des alcools et la marijuana. Dans ces cas, et les autres essentiels que je ne mentionne pas, le gouvernement a la responsabilité d’exiger le port du masque. Pour le reste, il doit respecter tous les droits des individus.
Lors d’une discussion téléphonique avec un ami de longue date, 50 ans c’est toute une vie, j’ai partagé avec lui un des rares avantages de la pandémie 2019-2020. En fait, je me suis aperçu que la majorité des gens réagissait mieux que dans le passé à un simple bonjour. Un petit sourire, nous vaut souvent un grand sourire et parfois un éclat de rire… surtout quand je prends le temps de leur dire (sans interrompre ma marche) :
« Profitons-en, car c’est tout ce qui nous reste ».
Denis m’a avoué qu’il avait fait le même constat, et qu’il avait écrit un texte, un poème, à ce sujet.
Je m’empresse donc de lui céder la parole.
Vaincre la solitude
Vaincre la solitude
les regards furtifs prolongent leur portée
les sourires timides comblent le vide
les salutations discrètes et silencieuses franchissent la distance prescrite
entre des étrangers qui se croisent
hésitants devant les trottoirs soudainement trop étroits
l’ennui s’installe comme une étole rassurante
sur les épaules du désespoir
le besoin de se toucher se reporte à un avenir pas assez rapproché
Jour après jour, de semaine en semaine, c’est la même chose, dodo-télé-dodo, l’état d’être de notre conscience est endolorie, cette partie de nous-même qui écoute, qui voit et perçoit la réalité de notre « totalité »… est endormie, car nous ne voyons que la mort à l’horizon.
Dodo-télé-dodo
On ne compte plus les morts une à une, on s’intéresse plutôt à la fréquence.
Un médecin a annoncé à la télévision, hier soir, qu’il y avait un Américain qui mourrait du Corona Virus à toutes les 47 secondes.
Pour tout un chacun, c’est une prise de conscience de l’intérieur vers l’extérieur, un regard détaché de la réalité, c’est sûr, et cette vision est si intense qu’il est difficile de faire la différence entre notre perception des choses et les choses elles-mêmes.
Dodo-télé-dodo
Mon ami, Paul-André, écrivait quelques mois avant sa mort :
La vie, c’est tout un évènement
C’est le plus beau
C’est le plus grand
Voilà un truisme déchirant, surtout évident, en temps de pandémie. J’ai les nerfs à fleur de peau, j’entends l’écho de ma voix qui chuchote dans ma tête :
J’ai peur, j’ai l’impression de vivre dans un film, tout ce qui nous arrive dans nos trop confortables « prisons privées » est tellement surréel. Si les punks des années quatre-vingt étaient les héritiers de Dada, le trumpisme est certainement l’ultime dadaïsme, l’œuvre d’une personnalité aussi fausse que les matamores de la comedia del arte.
J’ai peur!
J’ai peur de mourir seul, dans un monologue percutant, dans une scène de tu-seul théâtral à la Michel Tremblay, comme un tourbillon de poésie figé dans une bulle de plastique opalin.
J’ai peur!!
J’ai peur de devenir une pipe qui n’est pas une pipe, car je suis un homme, je ne suis pas une chose.
Dodo-télé-dodo
Le président Trump prévoit que la fréquence des décès augmentera à plus de 3 000 personnes par jour, à une victime chosifiée toutes les 30 secondes et ce… avant le début du mois de juin.
Et il bat la mesure, comme le tambour de la République des lemmings américains qui marchent, au pas, vers le paradis perdu du rêve américain.
Le docteur Fauci prévoit que la fréquence des morts augmentera jusqu’à la trump-vitesse maximum, jusqu’à la limite de la tolérance à la souffrance des Américains.
Dodo-télé-dodo
Va-t-il falloir construire des hauts-fourneaux pour incinérer les victimes du trumpisme.
Je le partage avec vous, car ce philosophe a les deux pieds bien ancrés dans la réalité et les yeux rivé sur tout ce qui lui semble positif.
Normalement, je publie en français mais dans ce cas je n’ose même pas essayer de traduire le texte de peur de ne pas être à la hauteur de la situation.
« HAVE YOU NOTICED!!
We no longer go to the emergency for nothing?
Our credit cards are no longer soaring?
We take time with our children and our spouse?
We take time to talk to our friends on the phone?
We are more thankful for all that we have?
We have time to read?
We have time to clean up and do it with pleasure?
We are enjoying the fresh air outside?
We go to stores just once a week. Worse is…it is just for groceries?
We are not dying because the stores are closed on Sundays?
We are starting to think about buying Canadian products, even if it’s more expensive?
We start to think that having money in the bank is important?
Our children have no agenda, they can use their creativity and be children.
Parents realize the work of teachers?
We see the immense need for our health care workers?
We realize that as a country we can work together?
I just hope that after the crisis, we will remember all this, because usually we have because usually we have very short memories and we quickly return to our bad habits. »
Confiné, j’ai reçu cette chanson via l’Internet. Étant donné les circonstances, je la partage avec vous. Le texte de Bourvil est superbe, et tous ces artistes confinés lui font honneur. Je vous invite à visiter le site et surtout à écouter la symphonie, car elle est définitivement un baume pour le cœur.
« En ces temps difficiles, 45 artistes bloqués dans leur lieu de confinement se sont unis virtuellement pour proposer une Symphonie Confinée. Sous l’impulsion de Valentin Vander, ces chanteurs, chanteuses, musiciens et musiciennes vous présentent le clip du titre « La Tendresse ». C’est sous une version symphonique que ces artistes revisitent cette sublime chanson immortalisée par Bourvil en 1963. Le site Ma Musique Communautaire vous en dit plus dans cet article.
« Montrer que même en cette période de confinement imposé, une œuvre collective peut jaillir d’artistes des quatre coins de la France (et même d’ailleurs !). Mais également, pour apporter du baume aux cœurs à tous ceux qui, de près ou de loin, sont affectés par la pandémie de Covid-19. Cela démontre aussi que les artistes peuvent travailler ensemble à distance et enregistrer une vidéo à distance. Le tout, afin d’envoyer un message fort d’entraide, d’affection et de solidarité. Les enregistrements ont été effectués avec les moyens du bord. Le montage a duré une semaine entière et assuré par Julia Vander. L’intégralité de ce travail a été réalisée bénévolement. »
Ou alles sur YouTube : Symphonie confinée -La tendresse
On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y’en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas
Valentin Vandère
On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Être inconnu dans l’histoire
Et s’en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n’en est pas question
Non, non, non, non
Il n’en est pas question
Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment
Le travail est nécessaire
Mais s’il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien… on s’y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous parait long
Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l’amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L’amour ne serait rien
Non, non, non, non
L’amour ne serait rien
Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n’est plus qu’un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D’un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n’irait pas plus loin
Un enfant vous embrasse
Parce qu’on le rend heureux
Tous nos chagrins s’effacent
On a les larmes aux yeux
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu…
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos coeurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l’amour
Règne l’amour
Jusqu’à la fin des jou