Double lancement de livres à Sudbury

GATentête

J’aimerais invité mes amis de la région de Sudbury au lancement des mes deux livres:

  • D’amour et de turbulences, un recueil de poésies publié chez Prise de parole;
  • La littérature du vacuum, un essai littéraire publié aux Éditions David.

Le lancement aura lieu au Salon du livre du Grand Sudbury, Mercredi le 4 mai à 19 h sur la Scène de Radio Canada. Hôtel Radisson, 85, ch. Sainte-Anne, Sudbury.

Les Éditions David et les Éditions Prise de parole vous invitent à venir rencontrer Gaston Tremblay à l’occasion d’un lancement-causerie mettant en vedette ses deux derniers livres :  La littérature du vacuum (essai, Éditions David) et  D’amour et de turbulences (poésie, Éditions Prise de parole)   le mercredi 4 mai, à 19 h sur la Scène Radio-Canada du Salon du livre du Grand Sudbury Hôtel Radisson, 85, ch. Sainte-Anne, Sudbury. Pour information : vsylvain@editionsdavid.com ou  scormier@prisedeparole.ca. Cliquez ici pour télécharger le carton d’invitation.

 

 

GO ! GO ! MÉTAPHORES !

D'amour et turbulencesDans le rectangle bleu de ce samedi matin

Dans ce silence matinal

Sans murmures, sans musique

Il n’y a que les claquements des clefs de mon clavier

Mitraillette de consonnes, de voyelle et de ponctuation

 

Je relis pour une première fois mon recueil de poésie

Comprendre que la publication d’un florilège

Est une loi d’aide à mourir

Il faut que j’en fasse mon deuil

Je désespère de ne plus pouvoir les retravailler

 

Mes poèmes sont mes amis

Mes compagnons de vie

Je les polis comme des verres de cristal

Je les peaufine comme des meubles de bois exotiques

Je les aime, je les baise et les cultive jusqu’à toute fin

Sous les rouleaux compresseurs des presses électroniques

Jusqu’à ce qu’ils s’aplatissent, s’incrustent dans les fibres du papier

Dans les pixels vivantes des librels

Des lors, ils passent de mon ordi au columbarium municipal

Sans crier gare, je m’écrie « Go ! Go! Métaphores ! »

 

Et je les lis, je les relis, je m’y lis, je prends acte de leurs existences

Figé sur le papier, je constate leur beauté

Et puis, malheureusement, il y a toujours quelques « vers en souffrance »

Qui malheureusement sont désormais figés dans les stèles du temps.
Prise de parole
D’amour et de turbulences
Date :
Avril 2016
Genre : Poésie
Collection : Poésie
ISBN : 9782894239728
Prix : 18,95 $

 

La littérature du vacuum en librairie

Vacuum-couv-1Les Éditions David annoncent la parution du livre La littérature du vacuum de Gaston Tremblay, un essai sur l’émergence de la littérature franco-ontarienne. Après les États généraux du Canada français, qui marquèrent la rupture entre le Québec et les francophones du Canada, la communauté franco-ontarienne a dû s’inventer une littérature à partir de rien, telle est la thèse qu’élabore Gaston Tremblay dans cet essai. Complétant la typologie institutionnelle de François Paré, qui oppose les petites aux grandes littératures, Gaston Tremblay propose ici une troisième catégorie, les littératures du vacuum, lesquelles existent dans un vide social, là où certains champs du pouvoir sont atrophiés, voire inexistants. À Sudbury, à l’Université Laurentienne, Gaston Tremblay a participé à la fondation des Éditions Prise de parole, dont il a assuré la direction pendant dix ans, et au lancement de la Nuit sur l’étang. Auteur d’une dizaine de livres, il enseigne au Département d’études françaises de l’Université Queen’s.  En librairie le 13 avril 2016 Pour plus de renseignements, consultez le feuillet promotionnel. Service de presse en format papier ou numérique sur demande.

Voix savantes

La littérature du vacuum    Genèse de la littérature franco-ontarienne

ISBN 978-2-89597-537-3
ISBN 978-2-89597-564-9  (pdf)

424 p. – 39,95 $ – 22,9 x 15,2 cm

Faire ses Pâques

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Stèle funéraire, André Tremblay, 2002.

La semaine de Pâques est passée sans que je m’en aperçoive. Je n’ai pas fait mes pâques; du moins, pas de la façon que ma mémère l’entendait. Pour elle, faire ses Pâques s’était sérieux: confessions, pénitences et sincères repentirs suivis d’une communion. Pendant l’année, elle ne nous talonnait pas souvent pour les choses religieuses, mais à Pâques elle partait en croisades pour s’assurer que tous les hommes de la famille respectent le jeûne du carême jusqu’à la dernière minute ; sinon, ils devaient repasser au confessionnal et à la sainte table.

Il y a quelques jours, c’était peut-être jeudi ou vendredi soir, j’ai aperçu tapie dans le noir une image de moi que je n’avais jamais vu. J’ai compris l’ampleur de ma peur, de mes pleurs, de ma fragilité, de mes humeurs dépressives, de ma panique. Je suppose que j’ai appris de ma mère à demeurer impassible devant les outrages, les actes d’agression… qu’elles soient physiques, morales ou mentales. Cela me rappelle l’image de ma mère à genoux dans l’église, elle qui demeurerait figer dans sa posture de veuve en noire, entourée de ses quatre plus vieux. Seules dans le banc de la veuve, elle semblait se sentir loin de sa famille qui était de l’autre de l’allée centrale, dans les bancs de la veuve de notre oncle mort dans les mêmes circonstances que notre père. Maman était forte, comme le granite de notre stèle funéraire. Nous, les quatre plus vieux, nous étions figés et prosterner devant notre destin comme des anges de sel autour d’une madone de pierre das un cimetière..

Je suppose que c’est ce jour-là où j’ai appris à refouler mes sentiments jusqu’au plus profond de moi-même. Fausse posture masculine s’il en est une, mais c’était l’époque des vrais hommes qui se tenaient droits devant l’adversité. Avec le temps, j’ai appris à canaliser cette énergie dans mes projets et à utiliser la poésie comme soupape de dernières instances. C’est ce que Dorais appelait de la structure, savoir se retenir, savoir emmagasiner les coups, canaliser l’énergie créatrice dans des projets concrets et à l’occasion savoir s’éclater dans la création le littéraire.

Mon fils n’avait pas beaucoup de structure, il n’avait pas à canaliser son énergie, il s’éclatait dans les sports violents, dans le jonglage et parfois dans la photographie. Et il était très bon, mais ses efforts ne se concrétisaient pas. Il ne pouvait pas travailler seul, il arrivait mal à travailler en groupe, il était comme moi un grand sensible, il s’est enfermé dans lui-même jusqu’à l’éclatement.

La mort de mon fils m’a fragilisé à un point où j’ai eu et j’ai toujours beaucoup de mal à encaisser les mauvais coups que l’on m’administre à l’université. Ce n’est plus une joute professionnelle ni du sport extrême, je ne peux plus entretenir cette posture de dur à cuire, j’ai les nerfs à fleur de peau, les sentiments en ébullition… de jour en jour, j’assiste à ma déconstruction.

Ce que j’écris aujourd’hui peut paraitre triste, mais je demeure insensible devant ce flot de mots qui coule de source. Il est nécessaire comme l’air que j’expire. Je suppose que je pleurerai lorsque je les relirai, pour le moment c’est un exercice de défoulement, AIEEEEEEEEEEEEEEEEE !

 

Enfin le troisième volume

 

LE RECUEIL DE DORAIS

Volume III

Enfin le troisième et dernier volume du Recueil de Dorais. Après douze ans de lecture, de recherche, de rédaction et de révision je suis en mesure, de vous présenter le Recueil au complet. Le troisième volume sera lancé au Salon du livre de Sudbury par les éditions Prise de parole, au début de mois de mai 2016.

JPEG-Le recueil de Dorais, vol. III

Et la lumière fut…

En cet après-midi de la fin août, je vis un moment de plénitude comme Fernand Dorais aimait les vivre ; c’est la fin de l’été, la lumière du vitrail de ma conscience s’irradie sur les murs de mon cabinet d’écriture, comme si cette illumination venait d’un seul et unique point radieux, d’une seule et unique pensée qui ferait pâlir toutes les autres. Aujourd’hui, c’est la lumière qui traverse son oeuvre qui retient mon attention, car j’aimerais souligner cette expérience dans ces dernières pages que je consacre à mon ami et mentor.

[…]

Gaston Tremblay

PdP_cDorais1_100621             C1 Le recueil de Dorais, vol. II

D’amour et turbulences

D'amour et turbulences

Ce recueil est composé de sept cycles poétiques de sept poèmes chacun. De plus, un texte liminaire, « Turbulences » ouvre le recueil et « Satori à Sudbury », un interlude en prose poétique, divise le recueil en deux volets. Les quatre premiers cycles explorent les dédales de l’amour, de l’écriture et de l’amour virtuel tandis que la deuxième partie de l’œuvre est une descente aux enfers amener par la mort précoce d’un enfant et le suicide d’une personne en détresse. Le dernier cycle de poèmes aborde la question de la violence en Amérique. Enfin, chaque cycle est ponctué par une photo du fils de l’auteur, feu André Tremblay.

Voici l’opinion d’un lecteur privilégié qui a eu la générosité de conseiller l’auteur : « Entre l’amour et l’amertume, entre la fluidité des corps et l’écluse des esprits, entre le désir charnel et l’orgasme irréparable, il s’agit ici d’un récit mené avec un gant en cotte de mailles pour recouvrir une main qui est encore en proie au velours. Un récit empreint d’un incommensurable courage et d’une irrépressible force de triompher de la loi manichéenne, une fois pour toutes : c’est l’axe du beau qui doit l’emporter sur l’axe du bien. »

L’auteur remercie la Bibliothèque de référence de Toronto qui lui a permis de polir le manuscrit définitif de ce recueil dans le cadre de son programme d’écrivain en résidence à l’automne 2015. D’amour et turbulences sera lancé au Salon du livre de Sudbury, au début du mois de mai 2016.

 

De la nécessité d’écrire III

D’amour et de turbulences, « Pour ceux qui dansent, no 5 », inéditGaston Tremblay, écrivain en résidence, Toronto Reference Library

Mon poste à Toronto s’achève, voici un extrait de livre de poésie que j’ai finalisé pendant ma résidence d’écrivain à la Bibliothèque publique de référence de Toronto.

My stay in Toronto is at an end, here is an excerpt of the poetry book I have been fine tuning during my placement as Writer in residence at the Toronto public reference library.


 

Vendredi

Un pas de deux,mylene161
Le désir d’un regard
Un pas vers l’autre
Nos regards qui s’entrouvrent
Un tour de hanche, un autre pas
Une pause langoureuse
Un torse bombé, des lèvres rouges et pulpeuse
Un sourire érotique
Un pas de plus
Pour mieux se convoiter

 

 

Renversez-le !
Pourquoi pas ?
Il vous renverserait volontiers

Les yeux dans les yeux
En
Un corps à corps
Nos sexes s’effleurent
En
Notre Tango du Mont-Royal


Friday

Photo AndrŽ Tremblay WWW.andretremblay.com

A pas de deux
A stare. And… a desire
A step towards one another
A few dancing steps,
A twist of the hip, another step
A languorous pause
A defiant chest, fleshy red lips

An erotic smile
An extra step
To better covet one another

 

Tip him over
Why not
He would gladly tip you over.

Mine eyes in yours and yours in mine
And
Avidly clinching to each other’s bodies
And fleeting sensual fondles
In
Our Mount-Royal Tango


 

 

 

De la nécessité d’écrire II

Voyage dans le temps

Gaston Tremblay, écrivain en résidence, Toronto Reference Library


 

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Auto-portrait dans la nuit

Il y a des évènements qui nous traumatisent ; tellement que plusieurs années plus tard on sent le besoin de tirer les choses au clair, si ce n’est que pour continuer à cheminer sur notre ligne de vie.
Le suicide de mon ami Paul-André et, surtout, celui de mon fils André sont de tels évènements.
J’ai longtemps cru que l’artiste était un être incomplet, une figure géométrique ouverte sur l’infini et l’éternité plutôt qu’un objet figé et refermé sur lui-même. Ainsi, son œuvre témoignerait de ses tentatives de tirer des lignes entre les points de l’œuvre inachevée qu’il croit être.
Rester ouvert sur le monde, sur l’infinité du possible, est un exercice dangereux : d’une part, il y a la voie de l’éclatement qui donne sur le néant et, d’une autre part, le chemin vers la finitude et l’inéluctable, vers la mort en nous. Il n’y a que le voyage et les traces de ce dernier qui soient réels : nos enfants et nos œuvres nous projettent dans le futur. Voir mourir son enfant, c’est mourir et survivre en même temps.
Dernièrement, pour moi, c’est la plénitude, une quasi-complétude qui s’impose ; j’ai nettement l’impression d’être abouti, d’être ce que j’ai toujours voulu être ou ce que j’ai toujours voulu être. Je ne suis pas pour autant complet, ma très grande peine, ma solitude et mon œuvre en témoignent.
Un de mes amis a fait dire ceci à un de ses personnages : « L’être humain n’est sincère qu’à travers le sexe et seulement s’il s’y abandonne complètement, le reste du temps, il n’est que superficialité, artifice et faux-semblant… » Le personnage de Thibault est un jeune homme en mal d’amour, un adolescent qui passe à l’action, ne serait-ce que pour assouvir sa soif de tendresse et satisfaire son appétit animal. Ce qui a retenu mon attention, c’est que l’on peut remplacer le mot sexe par le mot musique, par exemple, qui serait le mot de mon ami Paul-André. On entre alors de plain-pied dans un paradigme universel, une énigme qui a autant de déclinaisons qu’il y a d’individus.
Quel est mon mot ? Quel est le vôtre ? Musique, mathématiques, sexe, écriture, photographie, pouvoir, violence, argent, lecture, famille… Pour lequel vivez-vous ?
Il me semble que la réponse est tout à la fois inconséquente et essentielle… Non, absolue, car mon ami Paul-André était menteur, Dieu qu’il était menteur, mais sa musique était sublime. Malheureusement, mon fils s’est refermé sur lui-même, sur sa douleur, sur son mal à l’âme…

 

Dans le silence de ta mort
Il n’y a que noirceur et absence
Il n’y a que l’écho du silence
Et cette tristesse sans nom

Car nous sommes d’images et de poésies

Et l’écriture comme la musique et la photographie, sont pour moi des machines à voyager dans le temps.
***
Ceux qui aimeraient en savoir plus sur mes voyages dans le temps peuvent acheter mon roman, Le Grand Livre, chez leur libraire ou aux éditions Prise de parole. Le roman est aussi disponible à l’Internet et à la Bibliothèque publique de Toronto.

Acheter ce livre en format numérique


• Le Grand Livre, roman, Sudbury, Prise de parole, 2012, 441 p.
• D’amour et de turbulences, poésies, Prise de parole, à paraitre au printemps 2016.

De le nécessité d’écrire 1

CSC
Gaston à 13 ans, le cardigan de joueur de basket appartenait à son frère!

Je ne saurais parler au nom de tous les écrivains, donc je me propose d’aborder cette question d’un point de vue tout à fait personnel.

Le lendemain de mon treizième anniversaire, je me suis retrouvé dans un collège classique sous la direction d’une trentaine de jésuites canadiens. J’étais un des plus jeunes, en fait, disons-le, j’étais trop jeune.

J’étais un enfant dans un monde d’hommes de robe et d’adolescents survoltés, émotifs je n’arrivais pas à communiquer efficacement avec qui que ce soit, si ce n’est qu’en faisait des pitreries pour la galerie. Le destin est impitoyable et bien que j’étais « un petit enfant » en détresse, ni Jésus ni Dieu ne me répondait, mais les jésuites, eux, ne se gênaient pas de faire leur devoir d’état à grand coup de martinet. Aie !!! Que je les ai payées cher mes plaisanteries !

À bien y penser, ces farces plates, ces commentaires sarcastiques n’étaient que les cris de désespoir, des lapsus d’un petit garçon qui ne savait pas pourquoi il était là, pourquoi sa mère l’avait abandonné, pourquoi les prêtres le battaient avec une trop longue lanière de cuir polie, noire d’un côté et brune sang-de-bœuf de l’autre.

Au collège, l’écriture était appréciée, en français, en latin et à la rigueur en anglais. Je me suis mis à écrire des poèmes, l’écriture était alors une soupape, ma chambre de décompression, ma maison loin de celle de ma mère.

  • O nuit, que tu es noire
  • Toi qui aime boire
  • Tous mes espoirs
  • O nuit, que tu es noire

Une manière d’appréhender le monde en silence, de réconcilier mes sentiments à ma réalité et au besoin de les cacher dans un petit coffre secret, ou personne ne pourrait me les reprocher, me punir pour avoir osé penser de telles choses. C’est à ce moment-là que j’ai appris à verrouiller mes petites boîtes de vérité à double tour. Ce n’était pas des métaphores, c’était tout au plus des petites clefs, on n’a qu’à remplacer le mot « nuit » par « maman » pour entrer de plain-pied dans le monde d’un enfant de treize ans et quelques jours.

Il y a quelques années, lors de mes vacances annuelles au chalet de ma famille j’ai permis à mon fils de douze ans d’inviter un ami pour la semaine. C’était l’endroit idéal, pour les vacances de jeunes garçons : jungle dense, petite plage rocailleuse, petites îles dans la baie et un bateau avec un moteur de trois forces pour s’y rendre. Ils se sont amusés pendant quelques jours et quelques nuits de camping. Mais le petit copain qui devait partir pour le collège classique de Cornwall, apeuré par le grand départ qui s’approchait, s’est mis à s’ennuyer de sa mère. Malgré la plage, malgré le soleil et l’eau claire, le petit était coiffé d’un petit nuage gris, il avait la larme à l’œil. Tellement, que nous avons dû le reconduire à la maison. Triste histoire pour mon fils qui a perdu son ami en pleines vacances, et pour moi ce fut l’occasion de vivre un déjà vue et de comprendre in situ ce que j’avais vécu in vitro, dans un collège classique.

Pour ceux ou celle d’entre vous qui trouve cette histoire émouvante, j’ajoute que le petit camarade n’a pas eu à vivre ce que j’ai vécu, car ses parents l’on inscrit à l’école secondaire de son quartier pour quelques années, tout près de sa maman.

Pour ceux qui aimeraient en savoir plus au sujet de mes vacances au chalet  ou au sujet de mes aventures au collège peuvent commander mon recueil de poésies, Sur le Lac clair et mon roman Le Nickel Strange aux éditions Prise de parole. Les livres sont aussi disponibles à l’Internet ou à la Bibliothèque publique de Toronto.

http://www.prisedeparole.ca/acheter-ce-livre-en-format-numerique/

Lettre à un terroriste

Alain Baudot, un ami et éditeur du GREF, m’a fait parvenir ce texte avec les instructions de le faire suivre.

Vous pouvez faire de même, car c’est une lettre ouverte que Simon Casteran a adressée à tout le monde.

Sa lettre à Daech fait le buzz sur internet

GAT 

Mon cher Daech,

J’ai bien lu ton communiqué de presse victorieux. Comme on l’imagine, tu dois être heureux du succès de tes attaques menées vendredi soir à Paris. Massacrer des civils innocents qui ne demandaient qu’à jouir d’un bon match de foot, d’un concert de métal ou tout simplement d’un petit restau entre potes, ça défoule, pas vrai ? Alors certes, ça ne te change pas beaucoup des milliers d’exactions commises quotidiennement, depuis des années, en Irak et en Syrie. Mais en bonne multinationale des lâches et des peine-à-jouir que tu es, il te fallait t’imposer sur le marché occidental. Ce que tu as fait, dès janvier, avec l’attentat de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Toutes mes félicitations : grâce à tes happenings sordides et sanglants, la marque Daech est plus forte que jamais. Elle a même effacé jusqu’au souvenir d’Al-Qaeda qui, à côté de toi, semble désormais presque raisonnable.

terrorismeDonc, tu as tué. Oh bien sûr, pas par goût du sang et de la violence, mais au nom «d’Allah le Très Miséricordieux». Moi qui croyais que la «miséricorde» suppose la bonté et l’indulgence envers les autres, je ferais mieux de jeter mon dictionnaire. Et de m’acheter une Kalachnikov et des grenades, pour m’en aller distribuer à mon tour amour et compassion partout où vous vous trouvez. Avant de laisser, sur vos corps enfin bénis, la photo de ma cousine Madeleine, que votre miséricorde a lâchement assassinée vendredi au Bataclan.

L’eussiez-vous connue, que vous l’auriez détestée immédiatement. C’était une femme libre et heureuse, pleine de cette lumière intérieure qui vous manque tant. Horreur suprême, c’était aussi une intellectuelle, qui aimait son métier de prof de lettres en collège. Car oui, chez nous, les femmes ont non seulement le droit d’être éduquées, mais aussi d’enseigner. Tout comme elles ont le droit d’aller où bon leur semble, d’écouter de la musique, de boire de l’alcool et d’aimer qui elles veulent. Sans burqa, ni violence. Bref, de jouir de cette liberté qui vous fait tant horreur. Et dont Paris, «la capitale des abominations et de la perversion», dis-tu, s’est fait depuis longtemps la représentante.

Oui, chers sœurs et frères, n’en doutons pas : l’abomination et la perversion n’est pas à chercher dans le massacre d’innocents par des fanatiques surarmés, qui travestissent le Coran en un manuel du parfait petit terroriste, mais dans cette vie païenne, faite de plaisirs et de joie. Cette «fête de la perversité» qui réunit, de semaine en semaine, des milliers «d’idolâtres» ; lesquels, au lieu d’adorer la Mort comme vous le faites en «(divorçant) de la vie d’ici-bas», préfèrent se rassembler pour communier ensemble, dans un instant de partage et d’adoration de l’existence.

À ce titre, mon petit, ridicule, mesquin Daech, je te dois un aveu : moi aussi, je suis un pervers et un idolâtre. J’aime la vie, le métal, les restaus et, parfois même, regarder un match de foot. Mea culpa, mea maxima globeculpa. Je suis un Croisé, comme tu dis. Un Croisé de la liberté, de l’amour et de la convivialité ; à la différence, cependant, que contrairement à toi, j’ai évolué depuis le Moyen Âge. Ma religion n’est pas faite de fer et de sang, comme la tienne, mais de chair et d’espoir. Aussi, si tu veux un bon conseil, mon cher Daech, dépêche-toi : car l’Histoire est sur tes talons, et déjà les Lumières que tu veux éteindre menacent ton califat d’un autre âge.

«Allah est le plus grand», écris-tu. «Or c’est à Allah qu’est la puissance ainsi qu’à Son messager et aux croyants. Mais les hypocrites ne le savent pas» (sourate 63, verset 8). Sur ce point, je ne peux que te donner raison. Qu’on l’appelle Dieu, Yahvé ou Allah, le Tout-puissant n’a guère besoin que l’on tue en son nom, ni que l’on pervertisse Ses lois. Alors, pourquoi continuer à tuer ? Ton Seigneur est-il si faible, dans ton esprit, qu’il ne puisse agir de lui-même ? Je ne peux le croire. Ce que je crois, en revanche, c’est que tu t’arranges bien de Son silence. Qu’en tuant au nom de ce même islam et des musulmans que tu prétends défendre, tout en les assassinant, c’est la Création divine que tu détruis. Ce qui fait de toi un impie, un pécheur, encore plus coupable que le croyant que tu exècres, ou les païens que nous sommes. Mais cela, les hypocrites ne le savent pas.

Simon Casteran