Pour réverbérer dans le silence

Turbulences 3Bonjour à tous, C’est le premier dimanche après la Saint-Valentin. Le Soleil s’éclate dans les prismes du vitrail de mon atelier, la chaine grégorienne de Calm Radio résonne sur les murs de mon condominium, sur les parois endolories de mon cœur.

Après cinq mois de silence, cinq mois d’absence, je remonte à la surface; devant vous tous, je reprends la parole! Après plusieurs mois de sollicitude de la part de ma famille, de mes amis et même de quelques collègues, j’ai vécu cinq mois de solitude.

Encore une fois, mon retour au travail fut une descente aux enfers. Il y a des gens qui sont dotés d’un sixième sens sanguinaire, celui de pressentir et d’exploiter les moments de faiblesse des autres.

Un poème dans L’Âge de la parole de Roland Giguère me vient à l’esprit :

« la grande main qui nous cloue au sol finira par pourrir les jointures éclateront comme des verres de cristal les ongles tomberont

la grande main pourrira et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs

et viendront les panaris

panaris

panaris »

Les panaris sont tout ce qu’il y a de beau dans l’humanité, tout ce que l’on redécouvre dans le sommeil réparateur,  tout ce que les grands malades du mal à l’âme ne ressentent plus. Tout ce que les autres partagent avec nous dans nos moments de grande tristesse.

En cette fête qui souligne l’importance de l’amour, j’ai décidé de changer le titre de mon nouveau recueil plutôt que Turbulence ce sera désormais D’amour de Turbulences, car la vie est ainsi faite.

J’ai eu beaucoup de problèmes à accepter la mort, le suicide de mon seul fils. Je suppose que je m’en veux de ne pas avoir vu venir, surtout après avoir vécu le suicide de mon meilleur ami. Mais, malheureusement, on n’y croit pas avant qu’il soit trop tard. Comme tout le monde, je dois combattre les bleus, la déprime et même la dépression régulièrement, mais j’ai toujours pu me reconstruire pendant la nuit. Au lever du soleil, mon âme se déploie comme une fleur recouverte de gouttes de rosée. Malheureusement, c’est quelque chose qui est extrêmement difficile à partager, surtout avec les personnes qui sont aux prises avec une très grande mélancolie.

Cette fois, j’ai suffisamment souffert pour comprendre à quel point les souffrances dans les âmes des grands malades sont réelles, à quel point leurs blessures sont inscrites dans leur chair sanguinolente et, à la rigueur, pourquoi ils veulent tout laisser derrière eux…

Mais heureusement, il y a les Panaris, les panaris de la vie, les Panaris de l’amitié, les panaris de l’amour: celui du passé, celui du présent et celui que l’on espère.

Un peu plus d’espoir

Turbulences couverture 2

Voici donc une deuxième maquette de couverture, de facture un peu plus classique et qui accorde plus d’importance à l’espoir et au lever du soleil.

Aujourd’hui, c’est le dernier droit, je finalise le tout.

GAT

Turbulences

Turbulences couvertureTurbulences,

Enfin… Aujourd’hui, j’espère finaliser mon manuscrit de poésie et de le soumettre aux éditeurs.

Avec toute l’angoisse que cela suppose.

Pour m’amuser et surtout pour me donner une erre d’aller, la semaine passée, j’ai créé une maquette de couverture avec une photo de mon fils. Ayant été éditeur, je n’ai aucune illusion, ce ne sera pas nécessairement celle qui sera retenue.

Mais… je vais tout de même défendre mon projet, et pour mieux préparer mes arguments je vous invite à évaluer mon projet de couverture en lui accordant de 1 à 5 étoiles. En plus, je serais reconnaissant de recevoir vos suggestions et vos commentaires. Qu’elle soit positive ou négative, la critique est toujours constructive.

Pourquoi Turbulences, parce que la turbulence suppose un certain bien-être, un high,  suivit d’une chute subite et beaucoup d’anxiété et d’angoisse. Donc, le recueil s’ouvre sur deux cycles d’amour, et propose ensuite cinq cycles de turbulences et de chutes libres.

Au plaisir de lire vos commentaires.

Une appréciation qui arrive à point.

Dorais metteur en scène
Fernand Dorais lors de la mise en scène du Happening FO, à l’hiver 1969.

Je vous ai déjà annoncé la sortie du deuxième volume du Recueil de Dorais. Après tant d’années de travail et d’attente, ce fut pour moi un anticlimax (pardonnez l’anglicisme, mais je ne pouvais pas me résigner à utiliser la traduction française : gradation descendante).

J’ai franchement cru que cette œuvre passerait inaperçue, jusqu’à ce que ce message arrive chez l’éditeur. De quoi se réjouir dans le silence de l’indifférence.

Je remercie l’auteur de nous avoir donné la permission de le reproduire. Sans plus, je vous laisse lire le commentaire, qui me semble à la hauteur de cette œuvre.
GAT

« Si Freud pouvait aujourd’hui lire les écrits de Dorais, il y trouverait l’exemple parfait de la sublimation.
D’une grande intensité, ses «contes» sont empreints d’une intensité constante, à la limite de la violence entre la colère et la plus pure passion. Textes transcendants à la limite de l’exaltation, ils vont au-delà d’une homosexualité réprimée, mais cherchent bien à exprimer un quelque chose d’inatteignable et de grandiose dans l’amour et le désir.
Ces «choses» qui lui sont interdites (sauf si ces textes sont en fait des autobiographies déguisées) sont aussi largement servies par ses connaissances de la philosophie, la religion et la sémiologie. On ne peut rester insensible à ses appels multiples au lecteur qu’il emprisonne dans ces passions de maux et de mots, l’accusant d’être un voyeur ou un juge ou même un critique universitaire condamnable aux enfers perpétuels (je paraphrase).
On en sort étourdi.
Dorais lui-même fit retirer du marché certains de ces textes publiés sous un nom de plume… probablement jugés trop osés pour son époque. Aujourd’hui, ils ne me semblent pas particulièrement choquants — même si l’un des textes est une ode d’admiration au Pénis ! Ce qui peut paraître étonnant venant d’un religieux… — et pourtant notre littérature actuelle est parfois allée plus loin encore pour exacerber l’excitation du lecteur en mal de sensations littéraires.
Scandale(s) élagués, notre auteur est maintenant admirable et pourrait en renvoyer d’autres à leurs pupitres…

Salutations. »

Patrick (Ravel) Perreault —

Le deuxième volume du Recueil de Dorais

C1 Le recueil de Dorais, vol. II

Le voici, enfin, le deuxième volume du Recueil de Dorais. J’ai placé l’avis de parution de l’éditeur sous l’onglet des communiqués.

Le troisième et dernier volume paraîtra à la fin de 2015 ou au printemps 2016.

Sept jours en juillet

Photo « Tango Mocha » d'André Tremblay
Photo « Tango Mocha »       André Tremblay

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici un extrait de mon nouveau recueil de poésie, Turbulences.

Vendredi


Un pas de danse, un regard
Un pas vers l’autre, des regards qui s’ouvrent
Un tour de hanche, un pas de deux
Une pause langoureuse
Un défi au torse, un sourire érotique aux lèvres
Un pas de plus
Renversez-le ! Pourquoi pas ?
Il vous renverserait
Les yeux dans les yeux
En corps à corps
Vos sexes s’effleurent
Dans
Le Tango du Mont-Royal.

 

 

Bain de culture

Commentaire poli-poétique

À la veille de nos fêtes nationales, il est important de se rappeler ce qui nous distingue.

Gaston

image

Bain de culture

À la mémoire de Charlton Heston
Un enfant
Six ans, peut-être sept
Vingt petits kilos de chair innocente
Mitraillée
Déchirée, transpercée, déchiquetée
Par onze balles de liberté constitutionnelle
Une des vingt petites
Dépouilles qui gisent
Dans leur bain de sang américain
 

 

Larvatus prodeo!

Le Masque de Philippe Haineault
Le Masque
de Philippe Haineault

Je me permets de me citer ma thèse, «La Littérature du vacuum», dans laquelle je cite Barthes et Bilens pour mettre en valeur le concept que ce vitrail me rappelle à l’esprit « il nous faut signer un contrat avec le lecteur, et ce sont Roland Barthes et Georges Bilens qui nous instruisent, car tous deux se rabattent sur l’écriture pour signer avec le lecteur un pacte de sincérité :

Larvatus prodeo, je m’avance en désignant mon masque du doigt. Que ce soit l’expérience inhumaine du poète, assumant la plus grave des ruptures, celle du langage social ou que ce soit le mensonge crédible du romancier, la sincérité a ici besoin de faux signes faux, et évidemment faux, pour être consommée[1].

Ce sont les coups du brigadier qui précèdent le lever du rideau et, dans le cas qui nous intéresse, c’est la première personne du pluriel du narrateur et la troisième personne du singulier — ou pluriel dans le cas des projets collectifs que nous attribuons à l’auteur lorsqu’il figure dans cette analyse. Indices de surfaces ? Certes, mais ce sont des signes que le lecteur reconnaîtra facilement, car, somme toute, ce sera à lui de faire la part des choses.

Il ne suffit pas de montrer son masque du doigt, car il faut avant tout savoir faire la différence entre l’être et le paraître. Ce qui peut sembler évident aux spectateurs est en fait de la haute voltige pour le comédien qui doit puiser dans son for intérieur pour donner à son personnage un peu de chair, une part de son âme et, pour le temps de la représentation, son sang et son souffle. Mikhaïl Bakhtine parle d’exotopie pour décrire la posture que doit adopter un écrivain pour tenir compte non seulement des objets qu’il veut mettre en scène, mais aussi de sa personne qui est le Sujet et, jusqu’à un certain point, l’Objet du texte qui s’écrit. Cette exotopie, cette posture à l’extérieur de soi, est le topos, le lieu, que choisit l’auteur pour écrire. Au-delà de ses premiers textes autobiographiques, il doit apprendre à se déplacer de topos en topos tout en effectuant des allers-retours entre les postures qu’il adopte et sa personne. Pour survivre, pour ne pas sombrer dans l’abîme, il doit aussi pouvoir, en fin de journée, se recentrer sur lui-même. »

 

[1] Roland Barthes, 1953. Le Degré zéro de l’écriture. Coll. « Méditations », Paris, Gonthier, p. 37.

De rafale en rafale

 

Chaque matin, je lis une partie du récit poétique Du pain dans les joues, de Louise Marois. L’histoire d’un couple, d’une maison, et d’un entrepreneur en rénovatiphotoon. Il n’y pas de dialogues, seulement des discours intérieurs tout en subtilité.

Pour lire ce récit, il fait s’y abandonner, se laisser bercer par le texte. Ce matin, un chapitre m’a rappelé un vers de Robert Dickson :

« Novembre est oriental en sa sobriété »

Un vers qui m’a marqué et qui revient constamment à ma conscience comme un leitmotiv.

Il y a quelques semaines, je l’ai évoqué pour expliquer à un verrier ce que j’aimerais voir dans le vitrail que je lui ai commandé pour la fenêtre de mon atelier. Et puis j’ai tenté de faire revivre l’image suivante, celle-là même qui est au cœur du Langage des chiens.

De rafale en rafale
Dans l’aveuglement du blizzard
L’enfant pose une à une ses galoches
Dans l’évanescence de ses empreintes

Depuis lors, le temps qui passe
Se mesure à la profondeur
De ses traces dans son champ de neige
Comme dans le vif de la chair de cette page.

Nous avons bien travaillé, d’ici quelques jours j’afficherai la photo du vitrail et le texte d’accompagnement.

À suivre

Une bougie dans la nuit

chandelles

J’ai allumé une bougie
Sa flamme et…
Son essence de palmiers des îles
M’embaument et m’attisent
Je porte ce poème sur mon cœur
En pensant à la vie
Et à la mort

Cet été-là
Il accrochait un monocle à sa poitrine.
Une éclisse de larme
En verre rose
Un bouclier d’optimisme
Pour se prémunir des excès
De sa clairvoyance

Ce matin-ci
J’écrivais un poème sur ma poitrine
Une gerbe de voyelles
Et de consonnes roses
Un bouclier de poésie
Pour me prémunir des excès
De mon aveuglement

Pour comprendre la magie du monocle
Il faut s’ouvrir et s’imaginer
Sept milliards d’hommes et de femmes
Qui font l’amour en même temps
Quand on est seul, c’est intolérable
De là, la règle de l’abstinence
Des Hommes de robe

Pour comprendre la vie, la haine et l’amour
Il faut tenir compte des milliers
De viols, d’abus et de scènes de snuff
Dans la conscience et l’histoire des hommes
Tels de petits animaux blessés, mon âme et ma muse
S’écrient, s’écrivent et lèchent leurs meurtrissures
Pour y survivre.